Editori@l - Page 4
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JE SUIS SYRISA SEPTIQUE
En tant que militant de gauche, je suis heureux que Syriza finisse largement en tête et je leur souhaite beaucoup de courage et de réussite dans leur entreprise. Au-delà de toutes ces considérations personnelles, je ne peux que déplorer un carnage électoral largement attendu.Un carnage pour la coalition d’unité nationale regroupant conservateurs (Nouvelle Démocratie) et socialistes (PASOK). Le principal parti de droite, formation dont été issu le précédent 1er ministre, perd 53 sièges. Leurs alliés socialistes réalisent leur plus mauvais score depuis le retour de la démocratie en Grèce avec un petit 4,68% des voix (et uniquement 13 petits sièges au parlement).Carnage électoral grec où le parti néo-nazi Aube Dorée conserve son statut de 3ème force politique du pays avec un score stable (ils ne perdent qu’un seul siège de député). Résultat assez incroyable quand on sait que le leader du parti est actuellement en prison, accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un militant antifasciste grec.Carnage électoral idéologique où le parti arrivé en tête, Syriza, considéré comme étant de Gauche Radicale, proche idéologiquement du Front de Gauche français, décide de faire alliance avec le parti des Grecs indépendants, arrivé en 6ème position, et qui n’est rien d’autre que l’aile droite dure et souverainiste qui a fait scission avec les conservateurs de Nouvelle Démocratie. Pour faire le rapprochement en France, c’est un peu comme si Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan formaient ensemble un gouvernement.D'aprés ce que j'ai compris en suivant la campagne électorale à travers la presse française , je crois que le programme de Syriza ne se base que sur la lutte contre l’austérité. Dans ce programme , je n'ai pas vu Syriza parler d' éducation, de culture, de jeunesse. On n’y trouve aucune proposition sur l’armée, sur la politique étrangère. Du coup, rien ne les retient de signer un accord avec les Grecs Indépendants qui sont, semble-t-il, sur la même ligne économique. Sauf qu’eux sont aussi ouvertement nationalistes, ont des opinions des plus réactionnaires sur la société et les mœurs et ne portent pas dans leur cœur les immigrants.Il semblerait que Syriza ait fait volontairement l’impasse sur toutes questions de société afin de ratisser large, sans avoir peur de perdre du terrain sur Aube Dorée ou sur les Grecs Indépendants . Ces derniers siègent au Parlement Européen (enfin leur seul député) dans le même groupe que Bart de Wever du N-Va, parti nationaliste flamand.En votant majoritairement pour Syriza, en désavouant encore plus majoritairement le PASOK, les Grecs ont montré un ras-le-bol de leurs élites politiques. Au final, les grecs se retrouvent avec un gouvernement des extrêmes où gauche extrême et droite dure se retrouvent main dans la main pour promettre des jours meilleurs à une population désabusée. Le progressisme social, l’humanisme intrinsèque aux formations de gauche peut-il se dissoudre dans une politique uniquement tournée contre l’austérité européenne ? Les aides sociales imaginées par Syriza seront-elles les mêmes que celles voulues par les Grecs Indépendants ? Les électeurs grecs ne vont-ils pas prendre comme une trahison le résultat de leur vote ? Beaucoup de questions en ce début de législature. -
ET DIEUDONNE DANS TOUT CA
Une page publiée mardi sur Faceboock appelle à un rassemblement à Nice dimanche en faveur du maintient du spectacle de Dieudonné àdans cette ville.
Il faut répondre à ceux, qui peuvent être nombreux, notamment parmi les plus jeunes, qui ne comprennent pas qu'on se lève en masse pour défendre la liberté de Charlie hebdo alors qu'on met l'humoriste Dieudonné en garde à vue, qu'on condamne et interdit certain de ses spectacles. La liberté chérie, comme l'appelle le VIe couplet de la Marseillaise, n'y a-t-il pas droit lui aussi ? Non, justement, et c'est ce qu'il faut expliquer, car on a les apparences contre soi quand on soutient cette position, on laisse entendre qu'il serait permis de se moquer des musulmans et de leur Prophète et défendu de plaisanter sur les Juifs et l'Holocauste. Mais ce n'est pas du tout ça.
Je n'ai jamais repris à mon compte la règle de Pierre Desproges : "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui", parce qu'alors, on ne va pas rire avec grand monde, et surtout, ça n'empêchera pas les fans de Dieudo de rire entre eux mais j'adhère à la formule de Saint-Just, "pas de liberté pour les ennemis de la liberté", elle est dangereuse et détestable.
Dieudo n'est pas Charlie, tout simplement parce qu'il a cessé d'être un humoriste, qu'il s'est engagé dans un combat politique, l'antisionisme radical. L'équipe de Charlie a bien sûr ses préférences politiques, d'ailleurs multiples, qu'on peut en général qualifier de libertaires. Mais elle n'a jamais rallié un camp, brandi un drapeau, milité en faveur d'une cause : c'est toute la différence, immense, avec Dieudonné. Les faits le prouvent encore mieux que le raisonnement : Dieudonné a été reçu officiellement par la République islamique d'Iran, il a fait monter sur scène, lors de son spectacle, le professeur Faurisson, négationniste des chambres à gaz, tout le contraire d'un rigolo. On peut rire de tout, avec n'importe qui, mais là, Dieudonné ne rit plus, même si ses partisans ricanent sous cape.
La frontière entre le licite et l'illicite, entre le permis et le défendu, entre l'humour et la position idéologique, ce n'est pas la morale qui en décide, c'est la loi, c'est la justice, quand on est en République. Dieudonné a été condamné plusieurs fois pour ses dérapages, Charlie hebdo n'a jamais été condamné pour ses dessins (malgré les assignations en justice). Après ça, il n'y a plus à douter, il n'y a plus à se demander pourquoi "je suis Charlie" et pourquoi pas "je suis Dieudo". D'ailleurs, l'humoriste lui-même s'est trahi : en affirmant "je suis Charlie Coulibaly", en proférant une formule contradictoire, insensée, inepte, il ne faisait qu'une provocation de plus, il tentait de nous berner en reprenant à son compte l'esprit d'un mouvement qui lui est en réalité profondément opposé. Dieudonné n'est ni un humoriste, ni un comique : c'est un pitre, du genre le moins drôle qui soit. -
JE SUIS ATTERRE
L’organisation internationale de développement, dont la directrice générale, Winnie Byanyima, coprésidera l’édition 2015 de Davos, souligne aujourd’hui que l’explosion des inégalités entrave la lutte contre la pauvreté dans le monde, alors qu’une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.
Le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants, a affirmé Oxfam lundi à l'approche du forum économique mondial de Davos (Suisse), en appelant à "réécrire les règles" pour corriger ces inégalités "vertigineuses".
Etude à l'appui, l'organisation non-gouvernementale a indiqué que "la part du patrimoine mondial détenu par les 1% les plus riches est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014, et dépassera les 50 % en 2016".
"En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte. Le reste du cinquième (20%, ndlr) le plus riche de la population possède 46% du patrimoine mondial alors que 80% de la population mondiale ne se partagent que les 5,5% restant", a précisé Oxfam.
L'organisation, dont la directrice générale Winnie Byanyima va coprésider le forum de Davos, a réclamé "l'organisation cette année d'un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales internationales".
"L'ampleur des inégalités mondiales est tout simplement vertigineuse", a dénoncé Mme Byanyima, pour qui "le fossé entre les grandes fortunes et le reste de la population se creuse rapidement". Elle a appelé les dirigeants internationaux à s'attaquer "aux intérêts particuliers des poids lourds qui font obstacle à un monde plus juste et plus prospère".
Oxfam a exhorté les Etats à adopter un plan pour lutter contre les inégalités, en contrant l'évasion fiscale, en promouvant la gratuité des services publics, en taxant davantage le capital et moins le travail, en instaurant des salaires minimum ou encore en mettant en place une protection sociale pour les plus pauvres.
Le forum économique mondial (WEF), dont ce sera la 45e édition, se tiendra à Davos de mercredi à samedi. Plus de 300 dirigeants politiques de premier plan, dont la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, le Premier ministre chinois Li Keqiang et le secrétaire d'Etat américain John Kerry y sont attendus.
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REFLEXION
Les événements que nous avons vécus la semaine dernière ont provoqué une onde de choc qui n'est pas terminée. Après le temps du deuil et du recueillement, de la compassion universelle pour les victimes, de l'unanimité autour des valeurs de la République, il y a des fissures qui apparaissent, des contradictions qui se font jour, des questions qui se posent. C'est d'ailleurs naturel : on ne pouvait pas espérer que les réactions demeurent homogènes. Ces derniers jours, j'ai noté une petite dizaine de petites réflexions, très diverses, qui me sont venues à l'esprit et que je vous soumets :
1- Je ne suis pas allé acheter Charlie mercredi, ni hier, ni aujourd'hui, ni sans doute jamais. La vague passera , elle finira bien par se calmer. Pourquoi mon refus ? Par fidélité à mes idées . Si Charlie avait de graves difficultés financières, faute de lecteurs je ferais un don comme j'ai fait pour Nice Matin et l'Humanité . Aujourd'hui, Charlie rencontre un succès de presse jamais connu. Quel paradoxe ! Je pense à cette masse de nouveaux lecteurs, qui ne savent rien de l'esprit Charlie. J'imagine leur tête quand ils vont découvrir ! Ils ont réduit l'hebdo au symbole du crayon : très bien, mais Charlie, c'est aussi un stylo, un style, une écriture, des prises de position, pas seulement des dessins.
2- Le pape François et les chrétiens rassemblés pour défendre un journal anticlérical, c'est amusant, mais pourquoi pas, et tant mieux. Mais le positionnement rencontre vite ses limites (de même chez les organisations musulmanes) : le souverain pontife a rappelé hier son attachement à la liberté d'expression, tout en demandant à ne pas se moquer des religions. Mais c'est quoi la liberté, sans la liberté de se moquer ?
3- Les élus et les politiques ont été au premier rang des défenseurs de la liberté de la presse. Parfait. Mais beaucoup d'entre eux n'en font rien au quotidien, rêvent de journaux asservis à leurs propres intérêts, personnels et électoraux. La presse locale l'a fait remarquer, à juste raison, elle qui est la première victime de ces comportements liberticides. Antibes le maire a retiré du musée Peynet des affiches des dessinateurs de Charlie
4- Pendant ces quelques jours qui ont fait trembler la France, les chaînes télévisées d'information ont été les grandes narratrices de la tragédie, donnant l'impression d'en écrire l'histoire, de lui donner son rythme, sa dramaturgie. Dans l'après-midi de la prise d'otages à Vincennes, j'étais devant ma télé, comme tout le monde. Et puis, un peu dégoûté de moi-même, j'ai arrêté, j'ai éteint, conscient que je n'étais plus dans une quête légitime d'information mais dans un désir contestable de spectacle. J'étais devenu un voyeur, il fallait que ça cesse. Je suis sorti
5- La vente d'anxiolytiques a augmenté de 18%. C'est fou ! On disait que la France, avec sa formidable mobilisation, était sortie d'une longue dépression. Nous avions parlé trop vite. Il y a eu refoulement, tétanisation devant l'horreur, puis réaction de survie, pulsion de résistance. Mais cette consommation anormale, injustifiable de psychotropes confirme hélas que la maladie qui mine notre corps social sévit encore.
6- L'invraisemblable théorie du complot, qui court sur internet, prouve simplement que le malheur ne met pas fin à la bêtise, que celle-ci est le monstre universel. On ne devrait même pas y prêter attention, dans un éclat de rire mêlé de mépris.
7- La minute de silence : la jeunesse est par nature remuante, anticonformiste, transgressive, y compris pour de très mauvaises raisons. Il faut agir avec elle en toute prudence et discernement, sans rien céder en même temps sur les principes, mais ne pas avoir à son égard des indignations d'adultes. Face aux jeunes, nous avons besoin de pédagogie, pas de morale. Quand j'étais collégien dans les Ardennes au lendemain des accords d'Evian et de la fin de la guerre d'Algérie j'avais protesté contre la minute de silence imposée à la gloire de De Gaulle . Réfléchissons aux grandes questions qu'a soulevées l'événement, liberté, paix, démocratie, vérité, religion, laïcité etc. Mais qui est prêt à entendre un tel discours aujourd'hui ?
8- Etrange débat que celui sur la restauration du service militaire, comme si la vie de régiment pouvait soigner aujourd'hui une partie de la jeunesse malade ( les adultes étant autant touchés par le mal). Le service militaire avait en son temps des finalités militaires, qui ne se justifient plus avec l'armée professionnalisée. Son rôle d'intégration sociale était secondaire et involontaire, exagéré maintenant par la nostalgie.
9- Pour lutter contre les islamistes, j'ai entendu prononcer le vilain mot de "déradicalisation", qui désigne, je suppose, une sorte de cure de désintoxication, une forme d'analyse, de thérapie, une cellule psychologique renforcée, un lavage de cerveau pour tête fanatisée. Les psychologues sont invités partout, c'est sans doute une de leurs inventions. Quand va-t-on "dépsychologiser" notre société ?
10- Qui a noté l'énormité, l'inanité, le contresens historique de la proposition de Jeannette Bougrab, ancien membre du gouvernement ? Faire entrer les victimes au Panthéon ! Ni de près, ni de loin, l'équipe de Charlie hebdo ne correspond aux critères de panthéonisation, et ses membres disparus seraient d'ailleurs les premiers à se moquer de cet honneur indu, déplacé, inutile . Le chagrin n'excuse pas l'aberration, surtout venant d'une secrétaire d'Etat. Quand Nicolas Sarkozy a voulu d'Albert Camus au Panthéon, la famille a refusé, estimant que l'oeuvre et l'esprit de l'écrivain n'étaient pas conformes à une pareille consécration. -
SUIS JE ENCORE CHARLIE
Je n'ai jamais acheté Charlie Hebdo , sa ligne éditoriale ne me convenait pas et , il en sera de même aujourd'hui , sur-exposition , sur-exploitation d’un événement effroyable, à l’élévation au firmament d’un journal moribond et que peu lisait.
En passant, il est fort de café quand même de voir pas mal de ces bobos courrir acheter un journal qu'ils n'ont jamais lu et nous verrons dans une semaine , dans un mois si tous ces Charlie continueront à s’investir..Durable ou pas, cet élan se jaugera, comme tout, au fil du temps . Mais il est bon de s’interroger sur les buts et les motivations de ceux qui se proclament d’un soutien à Charlie, comme il est naturel de redouter les amalgames, la simplification à outrance du débat, le symbolisme morbide
Je cite N. Chomsky : " Les slogans omniprésents du style « Je suis Charlie », ne devraient indiquer, ni même sous-entendre, aucune association avec le journal, du moins dans le contexte de la défense de la liberté d’expression. Ils devraient plutôt exprimer une défense de la liberté d’expression quoique on puisse penser du contenu, même si ce dernier est jugé méprisant et dépravé."
Comme le maçon, nous sommes tous au pied du mur cherchant en permanence à s’accrocher à des symboles louables ou pas. . Celui de la liberté, de la tolérance, du vivre ensemble mais aussi celui du combat. Le combat pour une société « vivable » dont les piliers sont chaque jour fragilisés. Le plus dur est devant nous, n’en doutons pas un instant.
Pour ce qui est de se « sentir ou pas » Charlie. La question me semble posée . La sincérité était présente pour beaucoup, pour d’autres on en doute et pour certains pas du tout. Et alors ! Une fois, qu’on a cherché à séparer le bon grain de l’ivraie, a-t-on fait avancer les choses pour autant ?Hier, il n’était pas question de vie ou de mort, seule notre intimité était interrogée : juste décider ou pas selon ses convictions, son histoire, sa croyance ou sa non-croyance ! Libres étions-nous. Il n’était à aucun moment question de répondre à une injonction.
Aujourd’hui, la question n’est plus la même. On est tous devant nos responsabilités (à moins qu’on ne se sente pas responsable, mais c’est un autre débat), qu’on le veuille ou non. Et là pour le coup, il s’agit d’une injonction à briser les barrières, à produire du vivre ensemble, à comprendre l’autre, à défendre la libre pensée, à se battre contre l’ignorance et l’obscurantisme. La tâche est immense, mais ce n’est « pas triste » ! Car au bout de cette tâche, il y a le mieux-vivre, le bien-vivre … "
Suis je Charlie, policier, juif, musulman, etc…
Moi, je suis républicain citoyen laïc d’un pays républicain laïc pour accepter, respecter et défendre ce que sont les autres sans me sentir tenu d’être ce que sont les autres. Et noble et respectable accessoire de ma liberté, je suis athée pratiquant .Si je suis Charlie
Je suis Palestinien quand les enfants palestiniens meurent par les bombes d’Israël
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GUANTANAMO
Guantanamo, 13 ans après
Communiqué d'Amnesty International le 13 janvier 2015
Aujourd'hui, 127 hommes sont toujours détenus dans ce centre, la plupart d'entre eux sans inculpation ni procès. Le transfert de la moitié de ces détenus vers un autre lieu a été approuvé.
TREIZE
Treize jours, c'était déjà assez long. Au treizième jour des mises en détention à la base navale américaine de Guantánamo, on comptait déjà 158 prisonniers. Certains de ces hommes se trouvent toujours emprisonnés sur cette base aujourd'hui.
Treize mois pour les détentions à Guantánamo, c'était déjà beaucoup trop long. À l'époque, en février 2003, le ministre de la Défense avait autorisé des techniques d'interrogatoire qui violaient l'interdiction de la torture et des autres traitement cruels, inhumains ou dégradants.
Treize ans, c'est une atteinte aux droits humains. Des personnes ont été détenues, année après année, sans inculpation ni procès, et tout cela sur fond de tortures, de mauvais traitements, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, de gavages forcés, avec un très petit nombre de poursuites supervisées par un système de commissions militaires qui ne respecte pas les normes internationales en matière d'équité des procès.
À la fin du second mandat du président George W. Bush, le 20 janvier 2009, on comptait encore 245 détenus sur la base. Deux jours plus tard, le nouveau président, Barack Obama, s’est engagé au nom de son gouvernement à fermer le centre de détention de Guantánamo « rapidement » et, au plus tard, le 22 janvier 2010.
IMPASSE POLITIQUE
La raison rendant la résolution de ces détentions si difficile ? Une impasse politique interne où le Congrès s'est opposé à la fermeture du centre, tandis que le gouvernement n'a pas pu ou n'a pas voulu contourner cet obstacle. Selon le droit international, cependant, les législations et politiques d'un pays ne peuvent pas justifier le non-respect des obligations inscrites dans les traités internationaux. Un corps de l’État ne saurait rejeter sur un autre la responsabilité des manquements d’un pays aux droits humains. Le droit international exige des solutions et non des excuses.
Cette injustice a une cause fondamentale : le gouvernement américain (ses trois composantes) n'a pas considéré ces détentions comme un problème de droits humains. À l’approche du 11 janvier 2015, soit le 4 749e jour d’existence de cette prison tristement célèbre, le pays ne cherche toujours pas à résoudre le problème des détentions dans le respect des principes de droits humains.
DES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS RECONNUES
L'an dernier, trois organismes de surveillance de l'application des traités [ONU] ont appelé à la résolution de ce problème.
En avril, après avoir évalué les États-Unis au regard du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le pays en 1992, le Comité des droits de l'homme des Nations unies a appelé les autorités américaines à mettre un terme à la détention administrative sans inculpation ni procès à Guantánamo. Le Comité a demandé aux États-Unis que les procédures visant les détenus de la base s'effectuent au sein du système de justice pénale ordinaire, et non dans le cadre d'un système de commissions ne respectant pas les normes internationales en matière d'équité des procès.
En août, le Comité pour l'élimination des discriminations raciales a appelé les États-Unis à mettre un terme aux détentions administratives sans inculpation ni procès et à fermer sans plus de délai le centre de Guantánamo Bay. Soulignant l'interdiction de toute forme de discrimination, il a également demandé au pays de garantir le droit des détenus à un procès équitable, conforme aux normes internationales en matière de droits humains, et de libérer immédiatement tout détenu qui ne serait pas visé par une inculpation ou un procès.
En novembre, le Comité des Nations unies contre la torture a réitéré auprès des États-Unis une déclaration émise huit ans auparavant, en 2006, concernant les détentions à Guantánamo, à savoir que les détentions illimitées constituaient per se une violation de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée par les États-Unis en 1994. Le Comité a exprimé sa préoccupation concernant l'effet cumulatif des conditions de détention et de traitement à Guantánamo sur la santé psychologique des détenus et a redemandé aux États-Unis de mettre fin aux détentions illimitées sans inculpation ni procès.
GUATANAMO : SYMBOLE D'UN SYSTEME ILLICITE
Les détentions de Guantánamo seront pour toujours associées à des violations du droit international relatif aux droits humains. Les personnes incarcérées ont été torturées ou ont subi d’autres mauvais traitements dans la prison ou avant leur arrivée. Guantánamo, tout comme d’autres établissements du système de détention américain, a été le théâtre de détentions prolongées au secret et de disparitions forcées. Pendant des années, plusieurs centaines de détenus à Guantánamo ont été privés de leur droit de voir un juge statuer sur la légalité de leur détention. Ceux, en petit nombre, qui ont été poursuivis sous la présidence de G. W. Bush n’ont pas été traduits devant une juridiction américaine de droit commun. Pour ces personnes, le gouvernement a inventé un système ad hoc de commissions militaires, appliquant des règles qui étaient loin de respecter les normes internationales d’équité des procès.
L'administration Obama continue de recourir aux commissions militaires. Elle n'a transféré qu'un seul détenu au système de justice pénale ordinaire pour que cette personne soit jugée devant une cour fédérale. C'était il y a cinq ans. Le gouvernement américain entend appliquer la peine de mort à six détenus s'il obtient leur condamnation à l'issue de procès devant des commissions militaires. L'application de la peine de mort après des procès inéquitables constitue une violation du droit à la vie au regard du droit international.
On a effectivement constaté une récente vague de transferts de prisonniers hors de Guantánamo. Vingt-huit détenus ont été sortis de cette base au cours de l'année 2014. Auparavant, onze autres avaient été transférés hors du site en 2013. Parmi les personnes transférées, deux hommes l'ont été en Slovaquie, trois en Géorgie, cinq au Kazakhstan et six en Uruguay. Il s'agit là des pays ayant le plus récemment essayé d'aider les États-Unis à sortir de l'ornière qu'ils avaient eux-mêmes creusée. Alors qu'ils ont créé la prison de Guantánamo, les États-Unis cherchent toujours à ce que des pays fassent ce qu'ils se refusent à faire : accepter des détenus que les États-Unis ne veulent plus garder mais qui ne peuvent pas être rapatriés immédiatement pour une raison quelconque.
OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES
Les États-Unis manquent également à leurs obligation internationales en ne veillant pas à l'obligation de rendre des comptes pour les violations commises à Guantánamo ou ailleurs. Répétons-le : le centre de détention de Guantánamo a été le théâtre de multiples violations des droits humains, y compris des disparitions forcées, et ce pendant plusieurs années.
Le mois dernier, la Commission spéciale du Sénat sur le renseignement a confirmé que la CIA avait utilisé Guantánamo pour des détentions secrètes en 2003 et en 2004.
Parmi les personnes encore détenues à Guantánamo, au moins 28 sont passées par le programme de détention secrète de la CIA, et ont subi entre 40 jours et quatre ans et demi de disparition forcée, avant d'être transférées à la base navale. Dans le cadre de ce programme illégal, certaines d'entre elles ont été torturées lors des interrogatoires.
La torture et la disparition forcée sont des crimes au regard du droit international. Faute d'assurer l'entière vérité, de fournir des compensations et de garantir l'obligation de rendre des comptes concernant ces crimes, les États-Unis manquent gravement à leurs obligations en matière de droits humains.
Les États-Unis doivent mettre fin aux détentions de Guantánamo d'une manière totalement conforme au droit international relatif aux droits humains, et fermer ce centre de détention. Ils doivent en outre veiller à ce que des enquêtes approfondies et impartiales soient menées sur toutes les allégations de violations des droits humains, traduire les responsables de ces violations en justice et offrir une réparation aux victimes.
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LA VIE CONTINUE
Le bruit des hélicoptères, le crépitement des armes automatiques, le sang qui coule... tout cela complaisamment relayé, mis en scène par les chaînes d’info en continu. La rhétorique de « la guerre au terrorisme » à laquelle la France avait en partie résisté depuis la guerre en Irak est en train d’envahir les esprits ; elle est véhiculée par les médias qui trouve là un succédané de récit collectif qui fait cruellement défaut ; elle satisfait l’appétit du public pour les intrigues et opère une mobilisation des émotions en faveur d’une unité nationale fantasmée et qui n’a jamais été aussi fragile. Ce récit de guerre bouche l’horizon et occulte les graves questions et les responsabilités que posent les évènements... : faiblesses des services de renseignements, système pénitentiaire qui fonctionne comme une école du terrorisme, quartiers laissés à l’abandon, système scolaire qui reproduit l’exclusion sociale, médias de la haine, intellectuels néoconservateurs...
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UNE EPOQUE BIEN SINGULIERE
Moi, dont le cri de guerr' fut toujours " Mort aux vaches ! "
Plus une seule fois je n'ai pu le brailler.
J'essaye bien encor, mais ma langue honteuse
Retombe lourdement dans ma bouche pâteuse.
Ça n'fait rien, nous vivons un temps bien singulier... -
PAS DE FN POUR MOI
Après la tragédie et avant la grande manifestation de ce week-end, une lamentable polémique tourne autour de la présence ou de l'absence du Front national dans la marche républicaine
Une fois de plus, l'extrême droite aura réussi à se placer au coeur d'une querelle médiatique. Ce parti qui s'en prend aux victimes se met à jouer les victimes ; ce parti qui prône l'exclusion laisse croire qu'il est exclu. Il faut dénoncer cette nouvelle imposture.
Dans l'idéal, j'aurais préféré que la manifestation soit à l'appel exclusif des associations des droits de l'homme et antiracistes , comme c'était initialement prévu. Je comprends aussi, pour des raisons logistiques, que les partis politiques et les syndicats, qui ont les moyens et le savoir faire, soient impliqués au premier chef. Mais que dans ces organisations figure le FN, non, mille fois non ! Pas question de défiler au côté de ce parti, ou alors je reste chez moi.
Jamais Charb, Wolinski, Maris ou Cabu n'auraient accepté d'être défendu par l'extrême droite, qu'ils n'ont jamais cessé de combattre. Pas d'hypocrisie ! La présence de l'extrême droite, ce serait une seconde mort pour les victimes. Respectons leur mémoire , ce sera l'union nationale, oui, mais pas à n'importe quel prix, pas dans la contradiction, l'incohérence, la négation de soi. L'union nationale, c'est celle des partis républicains, de gauche et de droite. Le FN n'est ni de gauche ni de droite, il n'est pas républicain, ni par ses idées, ni par son histoire : c'est une organisation extrémiste, radicale, nationaliste, xénophobe et autoritaire, elle n'a pas sa place dans le défilé.
Que le FN soit légalement reconnu, qu'il participe aux élections et soit reçu par le chef de l'Etat ne change strictement rien. La République est bonne fille, elle a toujours accueilli en son sein ceux qui lui crachent à la figure, car ils représentent une partie du peuple et la liberté d'expression est son principe. Mais ce n'est pas une raison pour les inviter à défiler ensemble. D'ailleurs, le FN passe son temps à dénoncer le prétendu système "UMPS", l' "établissement", comme il l'appelle : qu'il ne vienne pas maintenant pleurnicher pour en faire partie, bras dessus bras dessous avec lui.Certains affirment que c'est un cadeau qu'on leur fait en réagissant ainsi. Ah bon ? Drôle de cadeau, celui dont le bénéficiaire ne veut absolument pas ! Et permettre au FN de défiler tout drapeau déployé, légitimé par cette reconnaissance, se refaisant une beauté démocratique et une santé électorale au milieu de la foule républicaine, ce ne serait pas un magnifique cadeau ? Soyons sérieux et ne jouons pas avec les paradoxes. L'argument me fait penser à ces idiots qui reprochent à ceux qui critiquent le Front national de faire sa publicité, qui sous-entendent que plus on s'oppose à l'extrême droite, plus on renforce l'extrême droite ! Le raisonnement est très malin, mais très vicieux.
Frontistes et islamistes sont les deux têtes d'un même dragon. Elles se nourrissent l'une de l'autre, comme les extrêmes se rejoignent tout en se combattant. Dans les deux cas, on prône le repli identitaire, on tient des discours violents, on ethnicise le débat public, on se réfère à des régimes autoritaires. A la différence de l'équipe de Charlie hebdo, jamais Marine Le Pen n'aura à craindre un attentat islamiste, parce qu'elle est la figure inversée des djihadistes, qui n'y toucheront pas.
Il y a quelque chose dont personne ne parle en ce moment, mais à quoi tout le monde pense : le Front national sera hélas le principal bénéficiaire de la tragédie que nous vivons. La xénophobie anti-arabe et anti-musulmane va monter d'un cran. Déjà, des actes racistes sont perpétrés, que l'émotion générale fait oublier. Les élections départementales vont être une catastrophe républicaine : il est à craindre que plusieurs centaines de cantons passent au FN, que ce soit le début cette fois d'une implantation locale sérieuse pour ce parti. Pour cette raison et pour toutes les autres raisons, il ne faut pas accepter le Front national dans la manifestation de dimanche, car ce serait faire le lit boueux de l'extrême droite. -
BALLES TRAGIQUES A CHARLIE
RASSEMBLEMENT SAMEDI 10H30
PLACE DES MARTYRS DE LE RESISTANCE
ANTIBES
« On n’est pas des porteurs de messages. On est simplement des clowns, des saltimbanques ». Voici moins d’un mois, le 12 décembre, comme il aimait le faire, Cabu rappelait la vision de son métier. Sauf que la mort du clown ne fait rire personne. Ce regard lucide, les journalistes de « Charlie hebdo » continuait à le porter. Envers et contre tous. « Pour énerver les cons, on est manifestement utile ». Tignous ne croyait pas si bien dire. Sauf que connerie s’écrit désormais en lettres de sang. Témoin de la démocratie, sous les balles terroristes, la caricature a perdu cinq de ses enfants les plus doués. Libertaires, sans doute. Mais pas liberticides. Impertinents, évidemment. Mais dénoncer la bêtise en faisant rire demeure plus que jamais salutaire.
Les douze assassinés et les onze blessés d’hier sont tombés, victimes de leur liberté d’expression. Mais ces crimes constituent également une attaque contre la République et ses valeurs fondamentales au premier rang desquelles figure la laïcité. Voilà pourquoi, il importe de ne pas se taire. Depuis hier, les drapeaux francais sont en berne. En respect pour toutes les victimes et, , pour ne pas accepter l’inacceptable et, face à l’obscurantisme, défendre la liberté absolue de conscience :
Nous sommes tous des Charlie !