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Actualité - Page 13

  • PAS ORIGINAL MAIS SINCERE

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  • HISTOIRE ANCIENNE , HISTOIRE D'AUJOURD'HUI

    Une histoire un peu ancienne

    «Il faut protéger le peuple Rom». C'est le titre d'un article paru en février 2002, dans le journal Le Monde, et signé par cinq personnes : Georges Yoram Federmann, psychiatre; Pierre Mertens, écrivain; Véronique Nahoum Grappe, sociologue; Jean-Marc Turine, producteur radio et Pierre Vidal-Naquet, historien.

     

    Ce texte a plus de dix ans, mais la situation inhumaine qu'il décrit n'a pas évolué d'un pouce, au contraire : en France, les Roms continuent d'être traités comme des «citoyens de second ordre», pour reprendre les mots du porte-parole des Roms de Zamoly, en Hongrie. Nous sommes quelques uns à lutter pour empêcher les discriminations de continuer, mais l'acharnement des différents ministres de l'Intérieur, la mauvaise volonté des élus locaux et de leurs administrations parvient finalement à aggraver la situation sanitaire et humaine de ces familles.

     

    La lutte sur le terrain, menée par une centaine de collectifs et d'individus, solidaires avec les Rom de leur commune, de leur quartier, ne peut remporter que de fragiles victoires, quelques mois d'un répit forcément précaire quand, face à ces collectifs, se dresse l'aveuglement d'un Etat qui continue, obstinément et à travers les gouvernements successifs, de diriger une politique anti-tsigane qui sur le plan électoral, malheureusement, semble toujours payante.

     

    Mais l'histoire que raconte cet article est aussi millénaire. Elle continue dans l'Europe d'aujourd'hui, et j'ai l'impression qu'elle nous annonce le pire : ni plus ni moins que la possibilité d'un autre génocide, dans l'Europe du XXIe siècle que nous avons décidé d'habiter.

     

    Voici le texte de cet article, puisqu'il n'est consultable que pour les abonnés au Monde :

     

    «Il faut protéger le peuple Rom

     

    En juillet 2000, un groupe de 52 personnes, Tsiganes en provenance de Zamoly (Hongrie), est arrivé à Strasbourg. C'est une historienne, Katy Katz, Israélienne d'origine hongroise, qui leur a payé le voyage en car de Zamoly à Strasbourg. Michel Warchawsky, Israélien militant pour la paix, a averti quelques-uns de ses amis strasbourgeois de leur arrivée. Ces Tsiganes hongrois sont arrivés avec un dossier juridique "en béton" qu'ils ont déposé à l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) avant de demander l'asile à la France. Après des mois de procédures et d'examens, leur demande a été jugée recevable. La Hongrie a bien sûr exercé des pressions pour empêcher une telle décision, craignant qu'elle ne retarde l'entrée du pays dans l'Union européenne. Josef Krasznai est le porte-parole des Roms de Zamoly et le président de l'Organisation indépendante des Roms du département de Fejér. Il n'a pas demandé l'asile parce qu'il veut poursuivre sa lutte en Hongrie, malgré les risques qu'il court et qu'il mesure, étant donnée sa détermination à défendre les droits des Roms. Il déclarait en août 2000 : « Nous avons accepté pendant des siècles le rôle de citoyens de second ordre, en nous contentant de notre situation de misère. Nous ne pouvons pas permettre ce que nos aïeux ont permis en 1944, nous n'entrerons pas dans les chambres à gaz pendant que l'hymne hongrois retentit.»

     

    «Citoyens de second ordre», les mots sont prononcés. Des exemples ? L'espérance de vie des Tsiganes hongrois est de dix à quinze ans moindre que pour le restant de la population ; 85 % des enfants roms ne peuvent intégrer le système scolaire normal, ils sont dirigés vers des écoles d'enseignement spécial réservé aux handicapés mentaux ; le maire de Csor a déclaré en toute impunité : «Je pense qu'en ce moment les Roms de Zamoly n'ont pas leur place parmi les Hongrois : les animaux eux-mêmes se débarrassent de leurs parasites»; leurs maisons sont quelquefois brûlées, quelquefois rasées. Pour la première fois, en 2000, des intellectuels hongrois ont publié un texte par lequel ils exigeaient que les minorités disposent des mêmes droits que tout citoyen et que les agressions physiques et morales ne restent pas impunies. En Roumanie, en Slovaquie, en Tchéquie la situation semble pareille. Il fallait ce très bref récapitulatif pour en arriver à ce que subissent en France les Tsiganes roumains, qui sont obligés de vivre dans des campements (des sous-bidonvilles, si l'expression est plus explicite) indescriptibles de délabrement, de misère. A côté de Paris, à Choisy-le-Roi, Achères, Lieussaint-Moissy, Argenteuil (et en d'autres lieux), des hommes, des femmes, des enfants survivent. Quel autre mot utiliser, quand, par exemple à Achères, plus de 80 personnes ne disposent que d'un seul point d'eau alimenté par un tuyau d'arrosage (comment fait-on quand la température tombe sous zéro ?) Quand, dans ce même campement, l'électricité est absente et que des personnes, aujourd'hui en France, en 2002, des femmes, des hommes et des enfants doivent faire leurs besoins naturels dans la forêt à côté du campement ? Quand les ordures ménagères ne sont pas enlevées et quand des conteneurs débordant de détritus ne sont pas remplacés ? Combien sont-ils autour de la "Ville-lumière" à préférer cette situation sans espoir plutôt que d'envisager un retour dans leur pays d'origine où, tous en témoignent, la situation est pire ? Environ 1 500 ? Pouvons-nous ne pas dire notre indignation devant le spectacle de personnes reléguées au rang de bétail ? (à la SPA, chiens, chats, perroquets et poissons rouges sont mieux accueillis !) L'Europe et la France, en particulier, vont-elles encore longtemps fermer les yeux, ignorer le sort indigne - voire inhumain - réservé avant-hier, hier comme aujourd'hui au peuple rom ? Il faut redire que le génocide des Tsiganes par les nazis n'est pas reconnu par les pays de l'Union européenne, sauf par l'Allemagne depuis 1991. Combien de victimes ? 300 000 ? Plus ?

     

    En langue romani, Samudaripen signifie «génocide». Un mot à introduire dans notre langue comme le mot Shoah. En outre, la France contrevient à ses propres lois lorsqu'elle n'empêche pas un maire ou un directeur d'école de refuser (quasi systématiquement) l'accès à un cursus scolaire normal pour les enfants roms. En octobre 1999, le gouvernement belge a expulsé 74 personnes tsiganes d'origine slovaque. Cette mesure a été qualifiée de «rafle organisée» par ceux qui s'opposaient à cette politique : les adultes avaient été invités à se rendre à la maison communale sous le prétexte de les aider à régulariser leurs situations, pendant que la police allait chercher les enfants dans les écoles. C'était la première fois qu'un pays européen procédait à une expulsion massive. Dans l'avion, des gendarmes ont eu la subtile initiative d'inscrire à l'encre noire indélébile un numéro sur l'avant-bras gauche de chacune des personnes, y compris les enfants. Des sanctions contre les responsables d'un tel comportement crapuleux ? Aucune. Les protestations, hélas, n'ont guère dépassé les frontières du pays. La Belgique a d'ailleurs été condamnée, ce 5 février, par la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. La question tsigane est plus que jamais européenne avec l'élargissement de l'Union. Il y a urgence. La négligence des gouvernements européens est criminelle à l'égard d'un peuple qui risque de disparaître d'une mort lente et silencieuse. La Commission européenne et les gouvernements, sous peine de se discréditer, de trahir la charte fondamentale, de retrouver un silence coupable digne des années noires du siècle dernier, se doivent d'intervenir auprès des gouvernements hongrois, roumain, tchèque et slovaque pour exiger une politique démocratique digne de ce nom. En 1943, dans le ghetto de Lodz, Reïzel Zychlinsky écrivait :

    « Et les cieux étaient nus et vides

    Tous les cieux

    Dieu avait caché sa face.»

    Soixante ans plus tard, pour les Roms d'Europe, les cieux sont toujours nus et vides. Le temps est peut-être venu pour les communautés juives d'Europe de se souvenir publiquement qu'à Treblinka, Chelmno, Birkenau, Majdanek, dans les ghettos de Varsovie ou de Lodz et dans d'autres camps en Hongrie, en Serbie, en Autriche ou en Allemagne les Roms ont subi une entreprise d'extermination comparable à celle menée contre les juifs. Il faut protéger le peuple rom, lui accorder une citoyenneté européenne, lui donner un statut, une réelle identité.

     

    Georges Yoram Federmann est psychiatre, responsable du comité d'accueil des roms de Zamoly à Strasbourg. Pierre Mertens est écrivain. Véronique Nahoum Grappe est sociologue (EHESS). Jean-Marc Turine est producteur à France-Culture. Pierre Vidal-Naquet est historien»

     

    Droits de reproduction et de diffusion réservés pour le texte © Le Monde 2002

    Photo © Laurence Loutre-Barbier

  • SANS NOUS ILS NE PEUVENT RIEN

    " Sans vous, nous ne pouvons rien "

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    La Fondation Abbé Pierre lutte contre toutes les formes de mal-logement pour parvenir à des changements en profondeur, et porte secours aux personnes qui en sont victimes. Notre expertise reconnue sur l’état du mal-logement en France nous permet de sensibiliser l’opinion publique et d’interpeller sans cesse les pouvoirs publics en les contraignant à conduire une politique du logement qui n’exclue pas les plus fragiles.
    Mais sans votre aide, tout cela est impossible ! C’est avec vous que nous pourrons dans les mois qui viennent multiplier nos interventions pour secourir les victimes du mal-logement au plus près des besoins. Votre solidarité et votre générosité sont ce que nous avons de plus précieux pour agir et poursuivre l’œuvre de notre fondateur, l’abbé Pierre.
    Merci de votre don pour le soutien de nos actions.
    Sincèrement,
    Raymond Étienne
    Président de la Fondation Abbé Pierre

    https://don.fondationabbepierre.org/

     

  • MICHELLE BACHELET PRESIDENTE

    Chili : la socialiste Michelle Bachelet remporte la présidentielle :

     C'est Mélenchon qui va être contrarié

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  • LES DERNIERS COMBATTANTS

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  • A VOS CALCULETTES

    Deux étudiants de l’Université de Sheffield en Grande-Bretagne, Nicole Wrightham et Alex Craig mis au point trois formules mathématiques permettant de trouver le juste équilibre entre la quantité de décorations nécessaires et la taille de l’arbre.

    sciences,mathématiques,noel


    Pour déterminer le nombre de boules nécessaires, il suffit de diviser par 20 la racine carrée de 17, puis de multiplier le résultat par la taille du sapin en centimètres.

    Pour connaître la longueur idéale des guirlandes électriques, il faut multiplier π par la taille du sapin. Concernant les guirlandes ordinaires, il faut multiplier π par 13, diviser le résultat par 8 et ensuite multiplier par la hauteur de l’arbre.

    Pour savoir quelle taille d’étoile convient le mieux pour le haut de votre sapin, il suffit de diviser la taille de l’arbre par 10.

    Nombre de boules = ( √17 x Hauteur de l'arbre ) / 20

    Longueur de guirlandes = ( 13 x Pi x Hauteur de l'arbre ) / 8

    Longueur de guirlandes électriques = Pi x Hauteur de l'arbre

    Hauteur de l'étoile ou fée ( en cm ) = Hauteur de l'arbre / 10

    Un arbre de 180 cm nécessitera 37 boules, 919 cm de guirlandes, 565 cm de guirlandes lumineuse et une étoile de 18 cm.

  • UNE BONNE NOUVELLE

     

    Les chiffres du chômage publiés ce jour montre une baisse pour la catégorie A, celle des chômeurs sans aucune activité.

    C'est une bonne nouvelle, et le gouvernement en profite logiquement pour communiquer sur ses bons choix politiques. Nous le disons depuis très longtemps, un résultat dans ce domaine ne peut se mesurer sur un seul mois. François Hollande a annoncé une inversion de la courbe pour la fin de l'année 2013. La prudence dont il fait preuve ce soir (il parle d'un combat de longue haleine) montre qu'il a bien conscience d'un fait. Une courbe se construit avec plusieurs points, et plus ils sont nombreux, plus la courbe prend un sens. Attendons donc un trimestre au minimum avant de se monter trop optimiste pour la suite, en sachant que la situation économique ne s'annonce pas brillante pour 2014.

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    Voici les chiffres officiels .

     

    En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A diminue de 0,6 % par rapport à fin septembre 2013 (+ 6,0 % sur un an)
    En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A, B, C augmente de 0,8 % par rapport à fin septembre 2013 (+ 6,8 % en un an).

  • CONTRE LE RACISME

     

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    Diverses associations et organisations se sont réunies à Paris le 14 novembre dernier et ont décidé d’appeler à une mobilisation générale à Paris et en Province samedi 30 novembre pour direSTOP AU RACISME.

     

    Dans les Alpes-Maritimes, bien entendu, le Parti socialiste des Alpes-Maritimes participera au rassemblement citoyen qui aura lieu

    Samedi 30 novembre à 10h – Place Garibaldi

     

    Partout en France, nous devons lutter contre le climat latent de xénophobie que traverse notre pays. Les attaques racistes dont a été la cible la garde des sceaux, Christiane TAUBIRA, ont culminé lors des commémorations du 11 novembre, jour née d’unité nationale, commémorations perturbées par des provocations d’extrême droite. Nous avons été et nous sommes nombreux à condamner ces paroles racistes et les atteintes ainsi portées à la République.

     

    A Nice et dans les Alpes-Maritimes, les derniers arrêtes pris par le maire de Nice favorisent ce climat de xénophobie : arrêté anti-bivouac, arrêté à l’attention des épiciers de nuit... De la même façon, les propos de certains députés UMP de la droite extrême locale participent à un climat détestable de normalisation de la parole raciste.

     

    L’indignation face à ce contexte est profonde comme le montre la forte adhésion à l’appel « France ressaisis-toi » qui a recueilli plus de 60 000 signatures en trois semaines. A présent, il est temps de nous mobiliser dans la rue en faisant la démonstration d’une France métissée et attachée aux valeurs républicaines et du vivre-ensemble.

     

    Parce que nous refusons cette société qui se replie sur elle-même, je t’invite au :

     

    30 ANS APRES 1983

    RASSEMBLEMENT REPUBLICAIN POUR DIRE NON AU RACISME

    Samedi 30 novembre à 10h – Place Garibaldi

     

     

  • LA CRISE EXPLIQUEE AUX NULS

    EXCELLENT article de Sophie Fay, pour le Nouvel Obs du 3/10/2013

    La crise financière de 2008 n’a pas servi de leçon. Il faut plus que jamais réformer le système. Une poignée d’anciens banquiers devenus lanceurs d’alerte osent enfin dire la vérité..

     

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    Devant sa télé, Jean-Michel Naulot finit par s’emporter. Au programme:« Jeux de pouvoirs», un documentaire d’Arte sur la régulation de la finance. « Ils n’ont rien compris!» peste cet ancien banquier, membre du collège de l’Autorité des Marchés financiers (AMF), devenu contestataire virulent du système auquel il a consacré trente-sept ans de sa vie professionnelle. L’émission semblait pourtant faite pour lui : la plupart des témoins sollicités par ce documentaire dénoncent les excès de la finance auxquels la crise n’a rien changé. Mais voilà, dans le dernier quart d’heure, les interviews de la députée socialiste Karine Berger et du président de la République François Hollande font sortir notre homme de ses gonds : «Ils nous disent ”Dormez bien bonnes gens, tout va bien” et le film s’arrête là… C’est de la désinformation. C’est complètement faux, rien n’est réglé. Au contraire, la situation n’a jamais été aussi explosive!» Jean-Michel Naulot en est tellement convaincu qu’il a démissionné de ses fonctions de président de la commission des marchés de l’AMF pour reprendre sa liberté de parole et publier un livre intitulé « Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien».

    Look conventionnel, discours calme mais acéré, Jean Michel Naulot entre en résistance et rejoint le carré des banquiers repentis qui balancent pour éviter un nouveau crash de la planète finance, comme Thierry Philipponnat, ancien trader de BNP Paribas, qui pilote l’ONG Finance Watch («Surveiller la finance »), Jérôme Cazes, ex-Coface Natixis, devenu écrivain, ou Christophe Nijdam, ex-CCF (aujourd’hui HSBC), analyste financier indépendant chez Alpha Value. Des lanceurs d’alerte, d’autant plus motivés qu’ils ont connu le système et ses dangers de l’intérieur. Qu’incriminent-ils ? «La finance mondiale demeure une énorme centrale nucléaire, bâtie en dehors de toute norme de sécurité», résume Jean Michel Naulot. A les entendre, la finance spéculative n’aurait en rien régressé après la crise de 2008. Explication: pour soutenir la croissance-ou plutôt ce qu’il en reste -, les banques centrales alimentent l’économie en liquidités, qui filent plus vite dans les « souterrains de la spéculation» que dans les crédits aux PME. Et la finance ne fait qu’enfler. Ainsi les fonds spéculatifs (hedge funds), que le G20 de Londres en avril 2009 avait promis de discipliner.

    « On pensait alors que l’ère de ces fonds était terminée», note Naulot, avant de s’étonner: «Qui aurait pu imaginer qu’en’2013 ils allaient revenir au premier plan, au point de servir de structure d’accueil aux équipes qui quittent les banques où les rémunérations ne sont plus ce qu’elles étaient ?» La loi de séparationdes activités bancaires, promise par François Hollande dans son grand meeting du Bourget, aurait pu contribuer à freiner la croissance de ces hedge funds. « En janvier, à la demande de l’AMF, j’ai déjeuné avec Richard Yung, le rapporteur de la loi au Sénat, explique Naulot. Je lui ai dit ce que je pensais du texte : une coquille vide qui ne changera rien. Il m’a répondu : “Proposez-moi des amendements.”» Le soir même, le gendarme de la Bourse a suggéré que tous les crédits accordés aux fonds spéculatifs soient placés dans la filiale « à risque » des banques, celle qui ne peut pas puiser dans les économies des déposants pour se financer ou réclamer de l’argent aux contribuables en cas de pépin. «Finalement on n’y a mis que les prêts sans garantie, or les banques n’en font pas … Pour moi, c’est la preuve qu’on a fait semblant de réguler », s’agace Naulot. Du coup, les hedge funds prospèrent comme jamais : ils gèrent 2 000 milliards de dollars officiellement, soit plus qu’avant la crise. Et encore, ce montant ne prend pas en compte ceux qui sont situés dans les paradis fiscaux …

    Dictature des marchés

    La moitié de la finance mondiale continue à échapper à toute régulation. C’est ce qu’on appelle le« shadow banking», la banque de l’ombre dont font partie les hedge funds. Preuve s’il en fallait que la spéculation n’a nullement régressé : sur les marchés des matières premières, 85% des transactions restent réalisées par des financiers et non par des groupes agroalimentaires. Le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, ex-ministre de ‘Agriculture, a bien tenté de limiter cette spéculation particulièrement dommageable à l’économie réelle, mais Berlin et Londres ont traîné des pieds. Pour Jean-Michel Naulot, c’est clair: « Les gouvernements acceptent la dictature des marchés. Pour sauver leur place financière et leurs emplois, ils ont renoncé à désactiver la centrale nucléaire. »

    On peut pourtant encadrer les « matières fissiles » avec lesquelles tourne la finance. Prenons le prêt-emprunt de titres. Un fonds d’investissement ou une banque qui détient des actions a la possibilité de les prêter à un autre. Résultat: le Fonds monétaire international (FMI) estime qu’un titre est utilisé en moyenne 2,5 fois en même temps … Si une banque ou un fonds fait faillite, comment récupère-t-on les titres? La contamination est immédiate. Pourquoi ne pas mettre en place un registre pour ses prêts emprunts de titres?« Qu’attend-on ?» s’impatiente Jean-Michel Naulot.

    La prolifération des produits dérivés, ces contrats ou options qui permettent de se couvrir et de spéculer sur une action, une obligation, un taux de change ou d’intérêt inquiète encore plus les repentis de la finance. En 2012, ces produits virtuels représentaient une valeur globale de 700 000 milliards de dollars, soit 10 fois le PIB mondial contre 80 000 milliards de dollars (3 fois le PIB mondial) « seulement» en 1998. «Et je vous donne rendez-vous dans dix ans: si des décisions importantes ne sont pas prises, cela représentera 25 fois le PIB mondial», prévient Thierry Philipponnat, de Finance Watch. Chez BNP Paribas, ces contrats pèsent déjà 47 000 milliards d’euros, soit de 23 à 24 fois la richesse nationale. «Les activités de dérivés de BNP Paribas sont plus grosses que celles de Goldman Sachs», précise l’analyste financier Christophe Nijdam. A la Société générale, c’est 10 fois le PIB français, 8 fois au Crédit agricole, 3 fois chez Natixis. Le Crédit mutuel-CIC est plus raisonnable (0,3 fois le PIB). Hors de France, seule la Deutsche Bank est aussi exposée que BNP Paribas. Est-ce utile à l’économie? Pas vraiment: 93% de ces transactions se font entre institutions financières, seuls 7% ont pour contrepartie une entreprise ou un acteur de l’économie réelle.

    A Bercy, les responsables de la politique économique sont parfaitement au courant du phénomène. Mais préfèrent regarder ailleurs. Pourquoi ? «Le lobby bancaire français est le plus puissant des pays développés. Pas par l’argent qu’il dépense, contrairement aux Etats-Unis, mais parce qu’en France les élites sont plus consanguines qu’ailleurs. On y trouve des alignements d’intérêt qui n’existent pas dans d’autres pays. Les fonctionnaires du Trésor savent que leur prochain job sera vraisemblablement dans une banque » accuse Jérôme Cazes, ancien banquier, auteur d’un excellent polar de fiction financière. Au pays du banquier Laffitte, président du conseil sous la monarchie de Juillet, la porosité banque-Trésor est telle que «les banques n’ont même pas eu besoin de mettre en œuvre toutes les opérations de lobbying qu’elles avaient préparées avant l’adoption de la loi bancaire ». Redoutant une véritable offensive régulatrice, les financiers tricolores avaient ainsi préparé des clips défendant leur rôle. Las, ces films de propagande n’ont pas été diffusés. Pas touche à la BNP ou à la Société générale ! «Du patron de banque au député, nos élites se sont toutes spontanément inclinées devant la grande idée du champion national», observe Jérôme Cazes.

    Résultat: la France croit disposer de banques puissantes alors qu’elles se révèlent avant tout « systémiques», c’est-à-dire si grosses que leur faillite…pourrait faire vaciller tout le système financier mondial. «Notre pays est champion du monde en la matière : nous avons quatre banques systémiques sur les 28 recensées dans le monde, contre une seule en Allemagne», insiste Jérôme Cazes. La loi de pseudo-séparation bancaire votée le 17 juillet n’y change rien. Pour Christophe Nijdam, les quatre géants de la banque française « tiennent toujours l’Etat -et les contribuables-en otage». Faut-il en conclure que les repentis du crédit mènent un combat perdu d’avance ? « Pas du tout. Il suffirait d’engager une vingtaine de réformes techniques pas si compliquées. Pour calmer le jeu», argue Jean-Michel Naulot, réputé proche du commissaire européen Michel Barnier. Et même si la France et l’Allemagne ont adopté fissa leur loi bancaire pour court-circuiter Bruxelles, la Commission et le Parlement peuvent encore réclamer un durcissement des textes. D’où l’appel de Jean-Michel Naulot : «Citoyens, mobilisez-vous

    LA TAXE TOBIN OU LE DOUBLE DISCOURS

    C’est l’un des faux-semblants réglementaires qui ulcère le plus Jean-Michel Naulot. Officiellement, la France, l’Allemagne et neuf autres pays de l’Union européenne soutiennent la taxe Tobin. La Commission a proposé de prélever 0,1% sur les transactions concernant les actions et les obligations et 0,01% sur les transactions des dérivés et produits structurés. En janvier 2013, une procédure de« coopération renforcée» en Europe est lancée. «Une étape historique», a fait mine de se féliciter Pierre Moscovici, avant de soutenir en catimini, trois mois plus tard, une division par dix de cette taxe … Commentaire de Jean-Michel Naulot: «Je peux comprendre que l’on soit contre la taxe Tobin, mais pas que l’on tienne ce double discours. C’est un vrai problème pour la démocratie … »

    Sophie Fay, pour le Nouvel Obs du 3/10/2013

  • RYTMES SCOLAIRES

    Certes, l’enquête réalisée par l’Association des Maires de France (AMF) sur les nouveaux rythmes scolaires témoigne de la mobilisation des communes engagées, de la qualité de leurs projets éducatifs, d’une importante fréquentation et d’une gratuité dans 80 % des cas avec un coût moyen de 150 € par élève. Cependant, malgré la satisfaction affichée par plus de quatre maires sur cinq engagés dans la réforme et par plus de 70% des parents concernés, le grand oral proposé hier à Vincent Peillon s’annonçait compliqué. L’opposition avait même annoncé une bronca pour accueillir le Ministre. En fait, au-delà des idées reçues et des nécessaires ajustements, notamment pour les maternelles, Vincent Peillon s’en est plutôt bien sorti, avec, au final, plusieurs salves d’applaudissements.

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    Pédagogue, adepte du dialogue, aux côtés de George Pau-Langevin qui cita aux journalistes l'exemple d'Hirson, le Ministre a d’abord su remercier les (nombreux) Maires présents pour leur « engagement au-delà des étiquettes » avant d’appeler au rassemblement des collectivités, des enseignants, des parents, des associations et de l’État pour assurer les meilleures conditions d’application des nouveaux rythmes. « C'est, rappela-t-il, l'engagement des élus de France dans cette cause des enfants qui a toujours su faire l'unité de la République ». Dans une salle comble qu’il avait fallu changer la veille pour justement accueillir plus de 4 000 auditeurs, Vincent Peillon y a vu « un très bon signe pour l'école ». Même s’il est conscient d’un « effort sans précédent demandé aux collectivités locales », pour lui, face au déclin scolaire, la responsabilité des adultes est engagée. D’où la priorité donnée au primaire.

    CONGRES MAIRES DE FRANCE 2013 écran VP GPL

    Au-delà des programmes à refaire, il importe déjà de donner aux élèves un meilleur temps scolaire pour, rappela le Ministre « apprendre à lire, écrire et compter ». D’où le passage à cinq matinées et « 25% de meilleur temps scolaire gagné ». Disponible, il a donc décidé d’affecter 300 agents supplémentaires pour aider les maires ruraux à appliquer les nouveaux rythmes.