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Actualité - Page 10

  • LE 1er MAI

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    Quand vous l’offrirez à votre épouse,mère,grand'mère amie tante ou autre il est important de ne pas gaffer;ne pas prétexter que vous et ces traditions-à la con- ça fait deux, que le prix payé n’en vaut pas la chandelle où que rapport qualité-prix n’y est pas que les fleurs ne tiendront pas plus de deux jours dans le vase et qu’avant vous connaissiez un coin terrible où l’on marchait dessus tellement il y en avait.

    Surtout ne pas prétendre que c'est Lucien qui vous a détourné vers le PMU du coin et que vous avez transformé le prix des clochettes blanches en p'tit(s) jaune(s) désalterrant(s) et oublié vos louables intensions

    Les bonnes raisons pour ne pas acheter de muguet sont nombreuses et parfois raisonnables mais croyez en mon expérience, si l’économie sur le court terme est évidente, vous le paierez un jour avec les intérêts de la rancœur en plus !

    Il est utile de faire une mise au point historique sur le 1er mai, alors que certains tentent de se l’approprier.

    Contrairement à l’histoire véhiculée, le premier mai n’est pas d’inspiration américaine.

    Il y eut de grandes grèves le 3 mai 1886 dont celle des usines MACK CORMICK à CHICAGO, qui se traduisit par une sauvage repression policière par six morts et de nombreux blessés. Suite à ces grèves et aux manifestations qui suivirent, le gouvernement et le patronat américain décidèrent de se débarasser des militants. Huit condamnations à mort furent prononcées sans preuves, malgré la protestation du monde entier, 6 condamnés furent pendus le 11 novembre 1887.

    En France, lors du 3eme congrès de la Fédération Nationale des Syndicats, qui se tenait au Bouscat en Gironde, en octobre 1888, sur impulsion et proposition du Bordelais Raymond Lavigne, le congrès approuva l’idée d’appeler les travailleurs du monde entier à ne pas travailler et à manifester le 1er mai.

    Cinq mois plus tard à paris, le congrès international ouvrier décida en juillet 1889 que le premier mai serait une journée internationale de lutte et vota la motion suivante :

    "Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès international de Paris. ..........".

    Raymond Lavigne, secrétaire de la fédération des syndicats impulsera l’organisation des manifestations du 1er mai 1890 (les premières du genre), celle-ci seront des succès dans de nombreuses villes. A Paris, 100 000 manifestants, comme toujours la police procédera à des arrestations. A Bordeaux il y eut une manifestation imposante avec trois lieux de rassemblement : Place d’Aquitaine (La Victoire), Place de la République et Place Picard. Il y eut 10 000 manifestants en tout, ce qui était un succés d’importance.

    L’année 1891 vit le renouvellement de la manifestation et cette fois toutes les composantes ouvrières s’y associèrent. Les pouvoirs publics décidèrent la repression. A Bordeaux les forces de police et de gendarmerie occupent les 4 lieux de rassemblements et dispersent violement les manifestants qui se replieront l’après-midi dans diverses salles de Bordeaux, dont la Bourse du Travail.

    Mais c’est surtout à FOURMIES dans le Nord que le 1er mai va connaître un grand retentissement. Depuis quelques jours les usines du textile sont en grève. Lors du rassemblement sur la place de l’église, l’armée tire sur les manifestants faisant 9 tués, dont 4 jeunes de 12 à 20 ans, et 4 jeunes filles de 17 à 21 ans et 30 blessés.

    La France entière et l’Europe sont indignés. A la chambre, CLEMENCEAU, interpelle le 8 mai le gouvernement :

    "Messieurs est-ce que vous n’êtes pas frappés de l’importance qu’a prise cette date du 1er mai... c’est le quatrième état qui se lève et qui arrive à la conquête du pouvoir. Prenez garde ! Les morts sont de grands convertisseurs : il faut s’occuper des morts !".

    A partir de ce moment là, le premier mai deviendra le jour de ralliement universel de la classe ouvrière et de tous les peuples.

    Le premier mai appartient au monde du travail et à personne d’autre.

    http://www.youtube.com/watch?v=v85NWc0RIKc

     

    AUTRES 1er Mai

     

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  • MORTS DANS LA RUE

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    Je ne veux pas vous pourrir le week-end  , mais je vous invite à lire le livret que le collectif "Les Morts de la rue " qui honore les 453 sans-abris décédés l'an dernier en France,  à leur mémoire.

    "Petr, 66 ans, qui vivait sur une bouche de chaleur est mort le 18 mars 2013 à Paris", "Un homme, 50 ans environ, est mort le 31 juillet 2013 rue de Crosne à Magny-en-Vexin"... Le collectif Les Morts de la rue a annoncé le 3 mars 2014 avoir recensé le décès de 453 sans-abris en France, rien que pour l'année 2013. Leur âge moyen est de 50 ans alors que l'espérance de vie nationale est de 81 ans.

    Dans un livret à leur mémoire, le collectif liste tous les disparus dénombrés. "Leurs noms sont publiés pour les honorer", explique l'organisation. Chacun est cité par un prénom, un nom, un surnom ou une initiale. Certains n'ont pas pu être identifiés. Pour chaque personne, le document précise la date et le lieu de sa disparition: telle rue, "non loin du gymnase", "à l'hôpital", "dans un squat", etc. Le livret précise que "de nombreux décès restent inconnus. Cette liste n'est pas exhaustive." Ces décès ont été signalés par des particuliers, des associations ou des lieux de soins.

    Le collectif Les Morts de la rue, créé en 2002, alerte sur le nombre important de sans-abris qui meurent dans la rue, accompagne les personnes en deuil et aide à l'organisation des funérailles. "Certaines personnes ont pu être enterrées dignement et en présence de leurs proches, d'autres dans des conditions parfois révoltantes", s'indigne l'organisation.

    Le collectif organise un rassemblement en leur mémoire, le 18 mars 2014 place de la République, à Paris.

    > Consultez le livret sur le site du collectif Les Morts de la rue

  • 1743

    Ce n'est pas une date mais un reccord , c'est le nombre de lecteurs de ce blog le 22 avril dernier . Chiffre qui a baissé  malheureudement hier à 1509 .

    Merci chers lecteurs et lectrices pour votre fidellité à suivre un blog qui n'est pas si confidentiel que ça . 

     

  • LA MAISON FREDERIC

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    HABITAT HUMANISME

    LA MAISON FREDERIC ANTIBES

    Volià une réalisation dont j'ai été porteur comme administrateur d'Habitat et Humanisme et dont je suis fier d'avoir porté ma contribution au logement de 6 habitants .

    Cette 1ère année de la Maison Frédéric a aussi été la 1ère expérience d’H et H 06 d’accompagnement d’un public désocialisé sortant de CHRS et que les techniciens de l’habitat et les sociologues appellent "public en rupture". Des rencontres régulières entre accompagnés et "bénévoles accompagnants", en présence à chaque fois du Président. D’Habitat  et Humanisme 06 et d’un travailleur social du CHRS d’ALC Réso dont sont issus les accompagnés ont permis d’avancer dans les réflexions, les questions, les réponses, les outils, les conseils, etc… nécessaires à cet accompagnement. Il en ressort une méthode expérimentale.

    Ce bilan a été l’occasion de l’écrire.
    Ecrit à l’indicatif présent, il ne traduit pas nécessairement le déroulement fidèle de ce qui s’est passé pendant cette année 2013, mais il est, aujourd’hui, certainement la meilleure synthèse de ce qu’il faut mettre en place pour les réalisations futures que le mouvement envisage à Antibes.

    LA MAISON FREDERIC

    La MAISON FREDERIC (du nom d’une personne SDF qui s’est suicidée dans l’attente d’un logement) livré en 2012 est un petit collectif de 6 logements PLAI – 4 studios et 2 deux pièces – situé boulevard  Beau Rivage à Antibes avec des loyers de 6,04€/m² utile. Soit entre 154 et 275 €/mois + 20€ de charges mensuelles, et un reste du pour des revenus RSA ou AAH de l’ordre de 10/20€ après APL.
    Les 6 premiers résidents, 2 couples et 4 personnes seules, sont entrés en septembre 2012. Quatre résidents viennent du CHRS d’ALC Réso d’Antibes (entre 15 et 39 mois de CHRS !) et 2 sont des "réservataires DALO", imposés par la Préfecture. Tous ont des histoires lourdes et ont connu la rue. Sans aucun revenu à leur entrée en CHRS, ils ont soit du RSA ou de l’AAH à leur entrée dans la Maison Frédéric. Un seul a le SMIC. Le principe du bail glissant (Convention d’Occupation Temporaire) est appliqué à tous les résidents à leur entrée dans les lieux. Le 1er objectif est de faire glisser ce bail vers un bail classique, définitif, de droit commun.
    10 "accompagnants bénévoles" d’Habitat et Humanisme (3 femmes et 7 hommes, dont 4 étaient accompagnants au CHRS d’ALC Réso) ont accepté d’accompagner ces personnes.
    LA METHODE D’ACCOMPAGNEMENT D’UN "PUBLIC EN RUPTURE"
    "L’accompagnement social professionnel" est du ressort des travailleurs sociaux. Chaque résident est accompagné et suivi par 2 bénévoles du Mouvement HABITAT et HUMANISME. Ils assurent un "accompagnement social bénévole, citoyen". Cet accompagnement de la personne, à la fois professionnel et bénévole, est complété par le suivi de gestion du logement assuré par un "syndic professionnel "  L’articulation entre ces 3 types d’accompagnement et ceux qui en sont les acteurs se fait de la manière suivante.

    L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL PROFESSIONNEL

    Lors de son parcours d'insertion au CHRS d’ALC Réso, le résident est suivi par un travailleur social de la structure. Il en est le référent et il le connaît donc bien. En fin de parcours d’insertion, lorsque le résident est sortant du CHRS, le référent continue pendant 6 mois d’assurer son suivi. Ce suivi est alors fait en y associant les accompagnants bénévoles d’HABITAT et HUMANISME.
    Le travailleur social rencontre " l’accompagnant bénévole " qui lui dit le parcours et la situation de l'accompagné. Pendant les 6 mois, le travailleur social, "l’accompagnant bénévole" et l’accompagné apprennent à se connaître. Des relais se mettent en place, mais le travailleur social conserve la partie professionnelle de cette relation :
     mise en perspective avec l'accompagné et l'accompagnant d'un projet professionnel, de santé ou de reconstruction de liens sociaux ;
     montage des dossiers (RSA, AAH, CMU, CAF, FSL, carte vitale,...) ;
     mise en relation avec les organismes professionnels (CAF, pôle emploi, travailleurs sociaux de secteur,..).

    "L’accompagnant bénévole" se forme au contact du travailleur social, pendant les 6 mois de suivi individualisé, pour prendre le relais, lorsque cela est nécessaire, avec les organismes professionnels. Au terme des 6 mois, un rendez-vous avec le travailleur social de secteur, l’accompagnant et l’accompagné est initié par le travailleur social d’ALC Réso pour assurer la continuité professionnelle du suivi.

    L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL BENEVOLE

    HABITAT ET HUMANISME offre à celui qui envisage de devenir "accompagnant bénévole" de ce "public en rupture", la possibilité de relation avec un public qu'on ne rencontre jamais : celui de la grande exclusion. Cette rencontre, pour celui qui l'accepte, est chemin d'humanité.
    L’objectif de "l’accompagnant bénévole" est de créer et d’entretenir - dans la durée - une relation de confiance et d’écoute. Il est dans le don. Une première phase, celle de "l’apprivoisement", est nécessaire et est un préalable à cette relation. L'organisation et l'aide au déménagement et à l'emménagement du logement, aux démarches qui y sont liées (téléphone, EDF, assurance,...) sont des opportunités qui aident à construire cette relation de confiance.
    Vient ensuite, la gestion au quotidien, la dimension "éducative" de l'accompagnement, qui consiste à permettre à la personne de développer ses propres capacités pour devenir autonome par rapport au logement : respecter les règles de vie en collectivité et assurer l’entretien de son logement, payer son loyer et ses charges de manière régulière, gérer l’ensemble de ses ressources, faire les démarches administratives permettant d’obtenir les aides auxquelles il a droit. Lorsque ces conditions sont réalisées, il est proposé au résident de faire évoluer le bail glissant qu’il a signé à l’entrée dans les lieux vers un bail direct classique de 1989.
    Lorsque la relation est installée, lorsqu’il y a possibilité de projet (social ou professionnel), et si l'accompagnant et l'accompagné le souhaitent, ils peuvent alors aller plus loin dans la réalisation de ce projet.
    L'accompagnement mis en oeuvre par HABITAT et HUMANISME est aussi collectif. Les accompagnants bénévoles et les résidents accompagnés se rencontrent régulièrement, tous les 3 mois, en présence d’un travailleur social d’ALC Réso. Ces rencontres permettent l’échange d’expériences, la recherche de solutions à des questions, la mise en place des règles de vie en collectivité et de créer du lien.

     

  • ART OU CULTURE

    De l’éducation populaire à la domestication par la «culture»

    Il y a cinquante ans, le général de Gaulle présidait à la création du ministère des affaires culturelles. La naissance de cette institution a précipité le déclin d’un autre projet, à présent méconnu : l’éducation politique des jeunes adultes, conçue dans l’immédiat après-guerre comme un outil d’émancipation humaine. Pour ses initiateurs, culture devait rimer avec égalité et universalité.

    par Franck Lepage, mai 2009

    En France, quand on prononce le mot «culture», chacun comprend «art» et plus précisément «art contemporain». Le mot Culture, avec son singulier et sa majuscule, suscite une religiosité appuyée sur ce nouveau sacré, l’art, essence supérieure incarnée par quelques individus eux-mêmes touchés par une grâce — les «vrais» artistes. La population, elle, est invitée à contempler le mystère.

    Entamée dès les années 1960 sous l’égide du ministère des affaires culturelles, la réduction de la culture à l’art représente une catastrophe intellectuelle pour tout homme ou toute femme de progrès. Si «culture» ne veut plus dire qu’«art», alors ni l’action syndicale, ni les luttes des minorités, ni le féminisme, ni l’histoire, ni les métiers, ni la paysannerie, ni l’explication économique, etc., ne font plus partie de la culture. Entre cette dernière et la politique s’instaure un rapport d’exclusion. Et la gauche a un problème. Tel n’a pas toujours été le cas. Il fut un temps — pas si éloigné — où un petit groupe de militants nichés au cœur des institutions françaises tentait de faire rimer culture — populaire — et politique.

    En 1944, un paquebot fait route tous feux éteints vers la France. A son bord, une jeune femme. Cinquante ans plus tard, elle se rappelle : «Ma prise de conscience date de 1942 et de la promulgation des lois antijuives par l’Etat français. J’étais alors professeure de lettres au lycée de jeunes filles d’Oran, en Algérie. J’ai été totalement choquée par la tranquillité avec laquelle ces lois antisémites ont été acceptées et mises en œuvre par mes collègues.» La vénérable dame de 86 ans qui nous livre ses souvenirs, ce jour de 1994, se nomme Christiane Faure. Elle repose désormais au cimetière de Lourmarin (Vaucluse) à côté de sa sœur et de son beau-frère, Albert Camus.

    Elle raconte comment les noms juifs sont rayés à l’encre rouge; comment ses élèves quittent l’établissement, leur blouse sous le bras. Mlle Faure organise alors des cours clandestins de préparation au baccalauréat. L’affaire s’ébruite; on la menace; elle persiste. Après le débarquement d’Algérie en novembre 1942, l’enseignante intègre le Gouvernement provisoire d’Alger dans le «service des colonies», dirigé par René Capitant, ministre de l’éducation nationale. Ce dernier est chargé de remettre les textes officiels sur leurs pieds républicains. En 1944, Mlle Faure regagne la France avec le Gouvernement provisoire.

    « Capitant nous a réunis pour nous annoncer que Jean Guéhenno créait un service d’éducation des adultes — un “bureau de l’éducation populaire” — et a demandé qui voulait s’en charger. J’ai levé la main à la surprise générale.» Dégoûtée de l’éducation nationale, Mlle Faure ne veut plus enseigner aux enfants. «La “laïcité” [à prendre ici au sens de «neutralité politique»] imposée aux enseignants ne me convenait plus. Elle empêchait toute explication franche, directe, c’est-à-dire politique, avec la jeunesse. La laïcité devenait une religion qui isolait comme les autres. Dans un cadre d’éducation des adultes, il me semblait qu’on pourrait dire tout ce qu’on voudrait. D’où mon choix pour l’éducation populaire : cadre neuf, cadre libre, où pourrait se développer l’esprit critique.» Guéhenno en est le garant. Ouvrier devenu professeur à Louis-le-Grand puis écrivain à force d’étudier, ce résistant conçoit sa mission comme un sacerdoce. Il s’agit «d’élever au plan de l’enseignement ce qui était livré aux propagandes, la formation des citoyens». (Le Figaro, 2 mai 1952.)

    «En vain toutes les chaînes
    auraient été brisées»

    A la Libération, les horreurs de la seconde guerre mondiale ont remis au goût du jour cette idée simple : la démocratie ne tombe pas du ciel, elle s’apprend et s’enseigne. Pour être durable, elle doit être choisie; il faut donc que chacun puisse y réfléchir. L’instruction scolaire des enfants n’y suffit pas. Les années 1930 en Allemagne et la collaboration en France ont démontré que l’on pouvait être parfaitement instruit et parfaitement nazi. Le ministère de l’éducation nationale convient donc qu’il incombe à la République d’ajouter un volet à l’instruction publique : une éducation politique des jeunes adultes.

    Les conventionnels de 1792 l’avaient déjà compris : se contenter d’instruire des enfants créerait une société dans laquelle les inégalités seraient fondées sur les savoirs. « Tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auraient été brisées, tonne le marquis de Condorcet à la tribune de l’Assemblée nationale, le 20 avril 1792.Le genre humain restera partagé en deux classes : celle des hommes qui raisonnent et celle des hommes qui croient, celle des maîtres et celle des esclaves.» Le député de l’Aisne, à qui l’on attribue généralement la paternité de l’expression «éducation populaire», propose de poursuivre l’instruction des citoyens «pendant toute la durée de la vie». Mais cela ne saurait suffire. Quand Condorcet évoque (déjà!) cette «partie de l’espèce humaine» astreinte dans les «manufactures» à «un travail purement mécanique» et pointe la nécessité pour ces individus de «s’élever», de «connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs», il ne s’agit plus seulement d’instruction mais d’éducation politique.

    Ces deux dimensions, pas toujours conciliables, fondent l’ambiguïté de l’«éducation populaire». Pour les classes moyennes à l’origine des mouvements laïques tels que la Ligue de l’enseignement (1881), il s’agit d’éduquer le peuple en appoint de l’école ou de pallier l’absence de celle-ci. Une seconde acception renvoie à toute forme d’éducation émancipatrice dont la forme serait populaire. Elle revendique l’héritage des expériences d’éducation critique et politique qui traversent le mouvement ouvrier à la fin du XIXe siècle (syndicalisme révolutionnaire, bourses du travail).

    A bord du navire qui vogue sans phares vers la France, Mlle Faure songeait plutôt à la seconde... Ainsi après Auschwitz — à cause d’Auschwitz —, on envisage à nouveau l’éducation politique des jeunes adultes. Mlle Faure et Guéhenno recrutent des professionnels de la culture populaire issus du théâtre (Hubert Gignoux, Henri Cordreaux, Charles Antonetti, Jean Rouvet...), de la radio (Pierre Schaeffer), du cinéma, de la photographie, du livre (Jean Nazet), des arts plastiques ou de la danse, de l’ethnologie, etc. Leur mission : inventer les conditions d’une éducation critique des jeunes adultes par les moyens de la culture populaire, ou encore «susciter par la réflexion et la pratique une attitude propice à l’éducation des adultes (1)».

    En 1944 naît au sein de l’éducation nationale une direction de la culture populaire et des mouvements de jeunesse, vite rebaptisée direction de l’éducation populaire et des mouvements de jeunesse. «Jeunesse» ne signifie pas encore «adolescence» — ce sens apparaîtra dans les années 1960 : un «jeune», en 1945, est un adulte de 21 ans (2). Parallèlement est instituée une direction des arts et lettres. Jeanne Laurent, ancienne résistante, s’y emploiera à décentraliser le théâtre. Interrogée sur leurs rapports, Mlle Faure souligne à quel point les deux problématiques étaient différentes : «Jeanne Laurent, c’était les beaux-arts... Nous, c’était la culture, la démocratie.» Une distinction appelée à s’effacer...

    La petite administration de l’éducation populaire durera moins de quatre ans. Après le début de la guerre froide, la lutte entre gaullistes et communistes s’envenime. L’éducation des jeunes adultes constitue vraisemblablement un enjeu tel qu’aucun des deux protagonistes ne veut risquer que l’autre la contrôle. En 1948, on s’accorde sur sa fusion, «pour mesure d’économie publique», avec la direction de l’éducation physique et des activités sportives dans une impayable «direction générale de la jeunesse et des sports», matrice du ministère souvent confié depuis à de non moins impayables sportifs (M. Bernard Laporte), généralement ignorants des questions d’éducation populaire (3). En d’autres termes : il n’y aura pas de service public d’éducation démocratique, critique ou politique des jeunes adultes en France. Ils feront plutôt du kayak! Guéhenno démissionne, Mlle Faure retourne en Algérie diriger un service d’éducation populaire non rattaché au sport.

    Les affaires culturelles
    victimes d’une roulette russe

    Pourtant, une impulsion a été donnée. Dès les années 1950, les instructeurs d’éducation populaire recrutés par Mlle Faure rêvent de quitter le sport, dont ils n’ont que faire, et imaginent la création de leur propre ministère. Leur sous-directeur, Robert Brichet, esquissera même en 1956 le projet d’un «ministère des arts». Pour cela, il faut acclimater le concept de «ministère de la culture», expérimenté par des pays totalitaires, pour en faire un ministère de la culture démocratique. Un ministère de l’éducation populaire en somme. Qui nommer à sa tête? Du côté des instructeurs, on pense au philosophe Camus, directeur d’une maison de la culture à Alger, fondateur du théâtre du travail et adepte de la création collective contre la création individuelle.

    L’histoire en décidera autrement. Parvenu au pouvoir, le général de Gaulle veut récompenser la fidélité d’André Malraux, ministre de l’information sous la IVe République et directeur de la propagande du Rassemblement du peuple français (RPF), fondé par le général en avril 1947. Débute alors une sorte de roulette russe institutionnelle dont l’éducation populaire sortira perdante. En 1959, le président de la République demande au chef du gouvernement, Michel Debré, de trouver un ministère pour son chantre officiel. Malraux demande un grand ministère de la jeunesse, domaine encore très sensible après Vichy; on le lui refuse. Il réclame la recherche sans plus de succès. Puis il demande la télévision et essuie un troisième refus. Se souvenant du projet de «ministère des arts», Debré lui propose en désespoir de cause un ministère des affaires culturelles. Malraux accepte (4). On y rassemble le cinéma, les arts et lettres, l’éducation populaire et ses instructeurs nationaux. Le directeur du cabinet de Malraux, Pierre Moinot, ami de Mlle Faure, lui fait savoir la bonne nouvelle et l’invite à les rejoindre.

    Contrairement à une idée reçue, l’auteur de La Condition humaine n’a pas «créé» ce ministère, qu’il n’a au demeurant pas réclamé. Son administration est bâtie par des fonctionnaires rapatriés de l’outre-mer qui, après la décolonisation, sont affectés aux affaires culturelles (5). Efficaces mais idéologiquement marqués par leur expérience précédente, ils influencent la doctrine du ministère. Lequel aura vocation à irradier à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières le feu de la grandeur nationale. Puissance de la France à l’international et pouvoir symbolique de l’Etat dans les régions; apologie de l’élite et du génie français. Un ministère profondément antipopulaire.

    Les instructeurs d’éducation populaire qui pensaient avoir obtenu leur ministère ont perdu la partie. D’abord rattachée à Malraux en même temps que la direction des beaux-arts, la sous-direction de l’éducation populaire retourne définitivement à la jeunesse et aux sports (6). La coupure sera désormais établie entre culturel et socioculturel, entre «vraie» et «fausse» culture que seul l’Etat sera fondé à départager. Beaucoup attendaient que la gauche arrivant au pouvoir abolisse cette césure. Il n’en fut rien.

    Cette histoire-là est plus connue : loin de rompre avec la vision élitiste et de reformuler la question culturelle sur des bases progressistes (tout le monde est producteur de culture, celle-ci n’étant rien d’autre qu’un rapport social), la gauche des années 1980 propulse la figure de l’artiste à des hauteurs jusque-là inconnues. Après le tournant libéral de 1983, la Culture majuscule réduite aux beaux-arts devient l’étendard d’un Parti socialiste qui, sur le plan économique, ne se distingue plus guère dès lors qu’il se résigne à faire le «sale boulot» de la droite. Mieux : l’action culturelle se substitue à l’action politique, comme l’illustre la commémoration du bicentenaire de la Révolution, le 14 juillet 1989.

    Mis en scène par le publicitaire Jean-Paul Goude, le défilé intitulé «les tribus planétaires» présente chaque peuple non par un symbole de ses conquêtes politiques, de sa quête d’émancipation ou de la domination qu’il subit, mais par son signe «culturel» le plus anecdotique et le plus stéréotypique : les Africains nus avec des tam-tams, les Anglais sous la pluie, etc. Fin de la Révolution. Fin de la Politique. Fin de l’Histoire. Vive la Culture.

    Rendre lisibles à tous
    les antagonismes sociaux

    Ce type de «culture» a remplacé la politique parce que la fonction du «culturel» est précisément de tuer le politique (7). Dépolitisée, réduite à l’esthétique, une culture n’est ni meilleure ni pire qu’une autre culture : elle est «différente». Le politique est l’affirmation d’un jugement de valeur. Le «culturel» est son anéantissement et la mise en équivalence généralisée sous l’empire du signe. La condamnation des violences faites aux femmes — l’excision, par exemple — est un geste «politique» : elle affirme qu’une société qui décrète l’égalité des hommes et des femmes est une société meilleure qu’une société qui ne la décrète pas. La tolérance de l’excision est en revanche «culturelle» : elle revendique la reconnaissance d’une culture qu’une autre culture ne peut juger de l’«extérieur».

    Il y a désormais en France une culture officielle, une esthétique certifiée conforme, celle des scènes nationales de théâtre, par exemple, aux mises en scène interchangeables. Elle vise paradoxalement à manifester en tous lieux la liberté d’expression, pour peu que celle-ci ne désigne aucun rapport social réel, n’entraîne aucune conséquence fâcheuse et soit littéralement sans objet. Provocations adolescentes, esthétique ludico-décadente, citations ironiques (8)... On s’y ennuie ferme, mais on y applaudit fort! En même temps qu’il dépolitise, l’entretien du culte de la «culture» contribue à domestiquer les classes moyennes cultivées en réaffirmant la frontière qui les sépare des classes populaires.

    Ainsi du visiteur qui, au milieu des années 1990, pénétrait dans telle Maison de la culture du Nord pour y découvrir une interminable rangée de bidons remplis d’eau alignés contre un mur et surmontés d’une petite photographie indiquant la provenance du liquide. Face à l’«œuvre», trois attitudes fréquentes. Un familier de l’art contemporain disposant des outils culturels adéquats pourra admirer le «dispositif». Un profane dépossédé de ces ressources se révoltera contre une «supercherie», se dira qu’il peut en faire autant, maudira tous les artistes et éprouvera un sentiment d’infériorité sociale. Entre les deux, le visiteur imprégné de «bonne volonté culturelle» se convaincra qu’il y a là une «démarche», une «intention», quelque chose de supérieur qu’il convient d’apprécier — acquiescement soumis qui signe son appartenance aux classes moyennes cultivées.

    Pareille imposition n’est pas sans conséquence, surtout en ces moments de crise économique où le basculement des classes moyennes du côté des classes populaires plutôt que vers les dominants représente un enjeu politique important. Le dressage «culturel» sert cette deuxième option. C’est pourquoi un programme réellement de gauche devrait se démarquer du concept de culture pour soutenir celui d’éducation populaire.

    Les fédérations labellisées «d’éducation populaire» en sont loin (9). Embrigadées dès le début des années 1980 dans les innombrables dispositifs de traitement social des populations dites «en difficulté», combien d’entre elles administrent, en échange de subventions, des programmes de «mobilité des jeunes», d’«éducation tout au long de la vie», de «défi-jeunes» et autres apprentissages de la flexibilité et de l’esprit d’entreprise, pendant que d’autres, engagées dans la «politique de la ville», œuvrent à l’«insertion» des classes populaires à coups de «développement local», de «développement culturel» et d’«animation socioculturelle» (10)?

    En 2002, l’Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens (Attac), fondée quatre ans plus tôt, obtenait son agrément en tant qu’association nationale de jeunesse et d’éducation populaire. Et, soudain, un contraste apparaissait : si Attac fait de l’éducation populaire en informant sur l’économie, en expliquant les inégalités et en proposant des moyens d’y remédier, alors que font les autres?

    On peut ainsi distinguer deux conceptions de l’action par la culture : l’«action culturelle», qui vise à rassembler autour de valeurs «universelles», consensuelles (l’art, la citoyenneté, la diversité, le respect, etc.). Et l’éducation populaire, qui vise à rendre lisibles aux yeux du plus grand nombre les rapports de domination, les antagonismes sociaux, les rouages de l’exploitation (11). La crise économique pourrait bien dissiper les mirages de l’une et remettre l’autre au goût du jour.

    Franck Lepage

    Ancien directeur du développement culturel à la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture. Auteur et interprète de la conférence théâtrale L’Education populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu..., 2007 (Le Cerisier, Cuesmes, Belgique), et membre de la coopérative d’éducation populaire Le Pavé.
    Selon la définition de Mlle Nicole Lefort des Ylouses, instructrice d’éducation populaire recrutée en 1944 par Mlle Faure.

    (2) L’âge de la majorité civile est passé de 21 ans à 18 ans en 1974.

    (3) A l’exception notable de M. Roger Bambuck, secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports de 1988 à 1991.

    (4) Philippe Urfalino, L’Invention de la politique culturelle, La Documentation française, Paris, 1996.

    (5) Marie-Ange Rauch, Le Bonheur d’entreprendre. Les administrateurs de la France d’outre-mer et la création du ministère des affaires culturelles, La Documentation française - ministère de la culture, Paris, 1998.

    (6) Françoise Tétard, «L’éducation populaire : l’histoire d’un rattachement manqué», dans Les Affaires culturelles au temps d’André Malraux, 1959-1969, Comité d’histoire du ministère de la culture, La Documentation française, Paris, 1996.

    (7) Alain Brossat. Le Grand Dégoût culturel, coll. «Non conforme», Seuil, Paris, 2008.

    (8) Jean-Paul Curnier, Manifeste, Léo Scheer, Paris, 2000.

    (9) Contrairement à la France, l’éducation populaire, politique et critique, prospère dans certains pays d’Amérique latine et demeure ancrée dans le mouvement social en Belgique ou au Québec.

    (10) Lire le «Dico de la langue de bois» sur le site Le pavé.

    (11) Cf. «Le travail de la culture dans la transformation sociale : une offre publique de réflexion du ministère de la jeunesse et des sports sur l’avenir de l’éducation populaire», La Documentation française, Paris, 2001.

  • 528 CONDAMNES A MORT EN EGYPTE

     

    Réaction des familles des condamnés à mort suite au verdict © AFP/Getty Images
    Réaction des familles des condamnés à mort suite au verdict © AFP/Getty Images

     

    Egypte : annulez les 528 condamnations à mort

    A l’issue d’une audience unique, un tribunal égyptien a condamné lundi, 24 mars 2014, 528 partisans de l’ancien président Mohamed Morsi à être exécutés en raison du rôle qu’ils auraient joué dans les violences qui ont suivi sa destitution en juillet 2013. La plupart des accusés ont été condamnés en leur absence et à l’issue d’un procès inéquitable qui a bafoué les droits fondamentaux de la défense.

    Ces condamnations à mort, qui donnent un exemple consternant des défaillances et du caractère sélectif du système judiciaire égyptien, doivent être annulées immédiatement.

     

    POUR EN SAVOIR PLUS, lire notre article : "Plus de 500 condamnations à mort : une décision "consternante" en Egypte"

    Le juge annoncera officiellement sa décision finale le 28 avril.

    Agissez maintenant, en signant ce message adressé au Ministre de la Justice, Nayer Abdel-Moneim Othman :

    Monsieur le Ministre,

    C’est avec stupeur que j’ai appris la condamnation à mort de 528 personnes; un tribunal les ayant condamnées, pour la plupart en leur absence, à l'issue d'un procès manifestement inéquitable. Le procureur n'a pas lu les charges retenues contre les accusés, ce qui est pourtant requis par la loi Égyptienne. Le juge n'a pas autorisé les avocats de la défense à procéder à des contre-interrogatoires des témoins et n'a pas passé en revue les éléments à charge présentés contre les 528 personnes. Il a également rejeté la demande de la défense, qui souhaitait obtenir plus de temps pour étudier les 3 070 pages de dossier, affirmant qu'il rendrait son verdict le 24 mars.

    Devant cette situation alarmante, je vous demande, Monsieur le Ministre, d’exhorter les autorités à annuler les 528 condamnations à mort prononcées le 24 mars et à ordonner la tenue d'un nouveau procès qui respecte rigoureusement les normes internationales en matière de procès équitables, sans recours à la peine capitale.
    En outre, toutes les peines de mort qui viendraient à être confirmées doivent être commuées et un moratoire sur les exécutions doit être mis en place en vue de l'abolition de ce châtiment.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.

  • PEINE DE MORT EN EGYPTE

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    Communiqué d'Amnesty International

    Les sentences de mort qui ont été prononcées lundi 24 mars 2014 par un tribunal égyptien donnent un exemple consternant des défaillances et du caractère sélectif du système judiciaire égyptien.

    Selon les médias officiels égyptiens, à l'issue d'une audience unique, le tribunal pénal de Minya a condamné 529 partisans de l'ancien président Mohamed Morsi à être exécutés en raison du rôle qu'ils auraient joué dans les violences qui ont suivi sa destitution en juillet 2013.

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     "C'est là une injustice poussée à l'extrême, et ces condamnations à mort doivent être annulées. En prononçant tant de peines capitales lors d'un procès unique, l'Égypte se situe au-delà de la plupart des autres pays, qui n'atteignent pas en toute une année un tel nombre de condamnations. Au cours des années qui viennent de s'écouler, nous n'avons vu aucune juridiction prononcer d'un seul coup autant de condamnations à mort, que ce soit en Égypte ou dans le reste du monde »

    Hassiba Hadj Sahraoui
    Directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International

    Les tribunaux égyptiens s'empressent de punir les partisans de Mohamed Morsi mais laissent impunies de graves violations des droits humains commises par les forces de sécurité. Tandis que des milliers de partisans de Mohamed Morsi sont toujours derrière les barreaux, il n'y a jamais eu d'enquête sérieuse sur la mort de centaines de manifestants. Un seul policier a été condamné à une peine d'emprisonnement, pour la mort de 37 détenus.

    "Sans un processus indépendant et impartial, capable d'offrir à tous la vérité et la justice, on pourra se demander si le système de justice pénale de l'Égypte a quelque chose à voir avec la justice. Quoi qu'il en soit, le recours à la peine capitale reflète une injustice inhérente, et les autorités égyptiennes devraient imposer un moratoire sur les exécutions, en vue de l’abolition de la peine de mort. »

    Hassiba Hadj Sahraoui

    Les autorités égyptiennes ne publient pas de chiffres sur les sentences de mort et les exécutions, malgré nos demandes répétées faites au fil des années. Nos recherches montrent que les tribunaux égyptiens ont prononcé au moins 109 sentences capitales en 2013 ; en 2012, le chiffre avait été d'au moins 91, et de 123 en 2011. La dernière exécution connue a eu lieu en octobre 2011 : un homme condamné pour avoir tué six coptes et un policier musulman lors d'une fusillade en janvier 2010 a été pendu.

  • ESPOIR ET GUEULE DE BOIS

     

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    Dimanche soir aprés les résultats des municipales à Antibes , ma première pensée, a été , pour  Michéle notre candidate . Elle a eu le courage de se présenter contre Jean Léonetti. Elle a hérité, à gauche, d'une situation très difficile, nationalement mais surtout localement. Elle a mené une campagne très honorable, très digne avec les moyens qui étaient les siens et les nôtres. Qu'elle en soit remerciée.

    Désormais, Michèle aura la rude tâche, au sein du Conseil municipal de représenter l'opposition socialiste, en compagniede notrecamarade EELV Pierre Aubry et toute seule à la CASA . Qu'ils soient assurés de notre soutien et de notre contribution.

    Ma deuxième pensée va à tous mes camarades, aux militants socialistes, à nos sympathisants, à notre électorat, dont j'imagine facilement ce soir là l'état d'esprit. C'est un message d'espoir que je veux leur adresser. Aucune défaite, en politique, n'est irrémédiable, pourvu qu'on en tire des leçons. La gauche antiboise est à remettre en marche . C'est possible, si nous en avons l'intelligence et la volonté. Ce sera l'objectif des prochains mois de ma fin de responsabilité de secrétaire de section et des prochaines années pour mes successeurs . L'avenir commence aujourd'hui.

    Ma dernière pensée va à notre partenaire historique, le parti communiste dont la défaite ne me réjouit pas . Sa ligne politique locale n'est pas la nôtre, loin de là. Il n'empêche que l'avenir de la gauche locale ne se fera pas dans la division mais, d'une façon ou d'une autre, dans le rassemblement .

    Les analyses approfondies suivront, des décisions devront être collectivement prises, assez rapidement.

    Mais le seul mot, le seul objectif, la seule obsession qui importent aujourd'hui , c'est espoir.

  • VU SUR LE BLOG DE BERNARD DEVERT

     

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    Aux importantes mutations sociétales qui ne sont pas sans créer de l’inquiétude pour les personnes fragilisés, s’ajoutent les crises financières et économiques et, plus grave encore, une dévalorisation de la vérité pour être relativisée quand elle n’est pas bafouée.

    Qu’est-ce-que la vérité ? Réduite à un concept elle est facilement contournée, sauf si elle est entendue pour ce qu’elle est, la condition d’entrer dans des relations justes. Certes, d’aucuns considèrent qu’elle est pour un autre monde. Paul Eluard ne nous rappelle-t-il pas que s’il est un autre monde, il est dans celui-ci.

    La vérité se trouve moins qu’elle ne s’éprouve pour échapper à toute idée de possession. Source d’une création, elle ne se découvre qu’en s’éloignant de la démesure pour se laisser toucher par le fragile. Alors seulement, elle se propose à l’histoire de chacun.

    Le premier résultat des élections municipales de ce dimanche souligne une lassitude, quand ce n’est pas un écœurement des successives politiques qui ont laissé s’installer un abîme au point d’avoir oublié l’urgente nécessité de faire société.

    Les ruptures de la cohésion sociale ont suscité une sanction à commencer par celle d’une aggravation de la désaffection des urnes. Quelle attention a été portée à cette vérité objective que près de 15 millions des citoyens sont obligés de compter les quelques euros qui leur restent à la fin du mois. Quelle vigilance a été témoignée à ceux dont le reste pour vivre ne permet plus de se maintenir dans un logement social. Des territoires se sont senti abandonnés, exclus, notamment par un chômage massif des jeunes.

    Cette abstention ne serait-elle pas signe de la désillusion.

    Sans doute, l’endettement du Pays – qui est une faute collective, un mensonge largement partagé pour avoir joué la facilité en remettant à plus tard ses engagements – réduit les marges de manœuvre. La maturité des citoyens est plus forte qu’on ne le pense, mais pour ne pas l’avoir comprise, fut oubliée une parole claire suscitant un avenir. L’espoir déserte quand le mépris ou l’indifférence l’emporte sur le respect de la dignité qui est au cœur même de l’exigence de vérité.

    Dans ce contexte de crise les orientations partisanes furent plus fortes que la recherche d’un modus operandi pour endiguer la précarité et la pauvreté.

    La vérité ne s’inscrit que dans un discernement qui nécessite de regarder les faits tels qu’ils sont et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient. Les lambris du pouvoir occultent la visibilité des fractures.

    Si le politique a pour mission de privilégier le bien commun en mettant à leur place des intérêts particuliers, il lui faut du courage, de l’audace et une exemplarité pour trouver une majorité consentant à accepter de quitter ce qui est injuste, pour s’ouvrir à de nouveaux horizons.

    La politique est une diaconie ; elle est vécue, soyons justes, par de nombreux élus mais les « affaires » ont saccagé la confiance jusqu’à faire naître cette formule délétère répétée à l’envi : ‘tous les mêmes’. Le vers est alors dans le fruit.

    Le cynisme d’une minorité a entraîné des déviances au point que la promesse, au cœur même de la confiance, est difficilement habitée ; comment pourrait-il en être autrement quand on sait que de l’aveu de quelques puissants, elle n’engagerait que ceux qui l’écoutent.

    L’auteur de la Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, dit que ‘les biens le plus précieux ne doivent pas être cherchés mais attendus car l’homme ne peut les trouver par ses propres forces et s’il se met à leur recherche il trouvera à la place de faux biens : ils sont là, privilégiant un individualisme et un mépris du réel, laissant les plus faibles au bord d’un chemin.

    Quel bien peut sortir de ces élections mettant en exergue la montée d’une extrême droite au risque d’une mise à mal de la ‘fraternité’ pour jouer sur le registre de la peur et de la stigmatisation de l’autre, de celui qui est différent.

    Le livre de l’humanité souligne que la vérité rend libre pour nous éveiller au souffle des grands espaces.

    Notre malheur ne serait-il pas que ce souffle épuisé devienne un soupir jusqu’à mettre sur les lèvres des jugements tout faits, justifiant ce désir inavoué d’un individualisme destructeur de la relation.

    Souvenons-nous de Dostoïevski : si l’on propose, dit-il, de choisir entre le bonheur et la liberté, le drame c’est que beaucoup choisiront le bonheur’.

    L’heure est de retrouver un souffle aux fins de s’éloigner de ces replis identitaires et suicidaires qui se présentent précisément comme des ‘petits bonheurs’ sans avenir et sans joie.

    Tout commence par la mystique, disait Péguy, tout finit par la politique. Sans doute entendait-il cette approche politicienne qui précisément déserte la recherche d’une vérité qui se conçoit comme un appel à prendre un chemin de crête ; les risques de l’emprunter sont réels mais à le déserter ils sont certains.

    Va vers ton risque, à te regarder, ils s‘habitueront dit Paul Eluard.

    Bernard Devert
    Mars 2014