LAON (Aisne). Dans un nouveau livre à paraître aujourd'hui "L'argent de l'Etat", René Dosière relate sa « traque » des dépenses de l'Élysée ou du gouvernement. Cet élu de l'Aisne, apparenté PS, a fait de l'usage de l'argent public son principal « cheval de bataille ».
René Dosière, député apparenté PS de l'Aisne épingle les dépenses de Sarkozy dans son nouveau livre "L'argent de l'Etat".
Remi WAFFLART
Le député de l'Aisne, René Dosière n’est pas un homme politique tout à fait comme les autres. Depuis dix ans, sans relâche, il "harcèle" les ministères de questions écrites - "les plus précises possibles". Le "poil à gratter" de la Sarkozie recoupe les sources, revient régulièrement à la charge et peu à peu lève un coin du voile sur l’argent de l’Etat.
Une "tâche" largement facilitée aujourd'hui par Nicolas Sarkozy, qui a permis "pour la première fois à la Cour des Comptes de contrôler son budget", reconnait volontiers le député axonais, "mais la transparence n'est pas encore totale" souligne-t-il.
Intéressons-nous d'abord aux déplacements de Nicolas Sarkozy. Notamment aux grands chapitres des dépenses...
René Dosières : « Je n'ai pas de chiffres récents. J'ai établi mon chiffrage sur l'année 2009, année durant laquelle le chef de l'Etat a réalisé près de 50 déplacements. A chaque visite, j'ai distingué la part payée par l'Elysée (préparation d'un cocktail...) environ 100.000 euros ; la part que la collectivité d'accueil prend à sa charge (coup de peinture, nettoyage, réfection d'une route, location d'une salle) : environ 15.000 euros. Le « gros morceau » des dépenses est le coût de la sécurité du président. En moyenne, 1000 agents de sécurité sont mobilisés. Ce n'est qu'une évaluation à partir d'échos de presse, car le ministère de l'Intérieur refuse de me donner le nombre exact de fonctionnaires mobilisés, malgré mon insistance. Un déploiement de forces qui se chiffre à 450 voire 500.000 euros par déplacement.
Chirac était moins dépensier
Soit une addition moyenne d'un peu plus de 600.000 euros pour un déplacement de deux heures. Des dépenses largement accrues par rapport à ses prédecesseurs. A titre d'exemple, les moyens déployés par les services de sécurité de Jacques Chirac étaient moindre avec près de 300 policiers et gendarmes pour un déplacement. Mes détracteurs me répondent souvent « qu'il faudrait quand même payer ces 700 policiers ou gendarmes supplémentaires ». Oui, mais les payer à faire leur travail sur le terrain pour lutter contre la délinquance. ».
En cette année pré-présidentielle, Nicolas Sarkozy a multiplié les déplacements ?
R.D : « En 2011, il est devenu « boulimique de déplacements ». Il se déplace en moyenne 70 fois par an, contre 50 au début du quinquennat. Au total, Nicolas Sarkozy passe 24 heures par semaine dans l'avion, soit 50% d'heures d'avion de plus que son prédécesseur Jacques Chirac. »
Nicolas Sarkozy a, tout-de-même, facilité vos investigations à l'Elysée ?
R.D. : « Il y a clairement un avant et un après Sarkozy. Il a permis, par exemple, pour la première fois à la Cour des Comptes de contrôler son budget. C’est un progrès indéniable et je lui en sais gré. C'est mieux que ça n'a été, mais ce n'est pas encore ce que ça devrait être. En moyenne j'obtiens des réponses à 80% de mes questions, avec plus ou moins de rapidité ».
Après l'Elysée, vous vous attaquez aussi aux ministères. Alors combien ça coûte ?
R.D. : « Selon mes calculs, 17 millions d’euros tout compris en moyenne, car là encore tous les minsitères n'ont pas joué le jeu, il n'y a pas encore partout la culture de la transparence. Pour faire tourner un ministère, il faut 120 personnes, 20 membres de cabinet, 100 personnes en soutien ; le parc automobile est de 12 voitures avec 8 chauffeurs en moyenne. Chaque ministre dépense envrion 360.000 euros par an pour se déplacer en aérien ; il y a 270.000 euros de frais de représentation ; et près de 5 millions d'euros de communication par ministre. J'ai calculé sur la base d'un gouvernement à 15 ministres, on pourrait économiser un milliard d'euros au bout de 5 ans. Une économie à méditer à l'heure où on compose un nouveau gouvernement ».
Propos recueillis par Alexandre Allard
* « L'argent de l'Etat » aux éditions du Seuil dans les librairies à partir d'aujourd'hui.