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AZURCOM - Page 127

  • BP OBAMA COMPLICE

    Chaque jour apporte son lot de révélations sur la manière dont les autorités fédérales, tant sous Bush que sous Obama, ont aidé et même incité BP et toute l'industrie pétrolière à négliger les précautions de sécurité et environnementales qui auraient pu empêcher ce désastre.

     

     

    Dilem

    Dilem

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    Parmi les dernières révélations, on compte :

    • En 2000, le Service des ressources minières (MMS) a requis un avis de l'industrie sur des problèmes liés aux dalles utilisées autour des bouches des puits de haute mer pour empêcher les éruptions de pétrole. L'industrie pétrolière n'a effectué aucune recommandation, et aucune règlementation n'a été mise en place.
    • Une étude de 2002, menée par le MMS a révélé que des éléments essentiels des dispositifs destinés à empêcher les éruptions sur les plates-formes ne fonctionnaient pas. Dans des tests en laboratoire menés sur les systèmes qui coupent les tuyaux après une éruption, la moitié des modèles d'un constructeur n'ont pas fonctionné. Sept autres constructeurs ont refusé de faire passer le test à leur système.
    • Une étude commandée en 2004 par le MMS a élevé de sérieux doutes sur la possibilité de ces équipements de fonctionner par les pressions qui régnaient au fond de l'océan. Aucun barème n'a été établi.
    • Deepwater Horizon n'avait pas d' « interrupteur acoustique », un système de secours permettant de déclencher le blocage des éruptions en cas d'explosion. L'industrie pétrolière américaine a trouvé le prix de ces systèmes (500 000 dollars) trop élevés et la MMS ne les a pas rendus obligatoires, alors qu'ils le sont en Norvège et au Brésil.
    • Le nombre d'inspections des sites de forage menées par le MMS a diminué de 41 pour cent entre 2005 et 2009, alors même que le nombre de plates-formes opérant dans les eaux américaines augmentait. Le nombre de pénalités infligées par le MMS pour des violations de ses règlements est tombé de 66 en 2000 à 20 l'année dernière.
    • En juin 2009, le MMS a dispensé BP de la publication d'un rapport d'impact environnemental pourtant exigé par la loi concernant le site que Deepwater Horizon allait exploiter. Obama avait pourtant été averti par la NOAA (Administration nationale des océans et de l'atmosphère) que les études du MMS approuvant les forages en haute mer n'étaient pas fiables.

    Ces décisions ont directement entraîné la mort des 11 travailleurs à bord de Deepwater Horizon et la catastrophe environnementale dans le Golfe. Les travailleurs tués dans l'explosion de BP ne sont que les victimes les plus récentes. D'après les données du Forum international des autorités de régulation, entre 2004 et 2009, les travailleurs des plates-formes pétrolières américaines avaient quatre fois plus de risques d'être tués et 23 pour cent de plus de risque d'être blessé que les travailleurs en Europe. Alors qu'il y a eu 5 accidents de « pertes de contrôle du puit » sur des plates-formes américaines en 2007-2008, dans cinq autres grands pays du forage off-shore – le Royaume-Uni, la Norvège, l'Australie et le Canada - il n'y en a eu aucun.

    Depuis 2001, il y a eu 69 morts, 1349 blessés et 858 feux ou explosions de plates-formes rien qu'en comptant celles opérant dans le Golfe du Mexique, selon l'Association internationale des entreprises de forage.

    Les liens incestueux entre le MMS et l'industrie pétrolière n'ont pas cessé après l'élection d'Obama. Obama était en fait le principal bénéficiaire des "employee donations" de BP durant la campagne de 2008, l'entreprise a mobilisé des dizaines de millions de dollars pour une campagne de lobbying massive avec l'appui de gens influents à Washington comme le faiseur de rois du parti Démocrate John Podesta, l'ex-dirigeant de la majorité démocrate à la Chambre des députés Thomas Daschle et l'ex sénateur républicain Alan Simpson (un membre essentiel du comité bipartisan sur le Budget créé par Obama). Le directeur actuel de la CIA Leon Panetta a également servi BP dans son « Conseil de recommandations externe ».

    Quelques semaines seulement avant le désastre du Golfe, Obama a fait un cadeau indéniable aux compagnies pétrolières en déclarant son intention de rendre de grandes portions de la côte américaine accessibles aux forages pétroliers. L'explosion de Deepwater Horizon est la conséquence de décennies de « déréglementation » où on a proclamé que le « libre marché » était le plus efficace quand il se réglementait lui-même. À partir de la fin des années 1970, le gouvernement américain, qu'il soit démocrate ou républicain, a oeuvré à systématiquement éliminer toutes les contraintes pesant sur les profits des entreprises.

    Le résultat en a été désastreux pour la population des États-Unis et du monde. Des entreprises contrôlant de vastes ressources sociales prennent les décisions affectant des millions de gens sur la base du profit qu'elles peuvent en tirer. Travaillant en étroite collaboration avec les « autorités de réglementation » qui ne sont guère plus que des succursales possédées entièrement par l'industrie, l’élite des entreprises élimine tous les obstacles qui réduisent son profit et ceux des actionnaires, qu’il s’agisse de la protection de l'environnement, de celle des consommateurs ou celle des travailleurs - comme l'a prouvé toute une série d'accidents mortels récents sur les lieux de travail.

    Dans toutes les industries, l'histoire est la même – que ce soit les mines, la production automobile, les transports, les télécommunications et, bien sûr, la finance. En fait, l'éruption de pétrole toxique au fond de la mer a son pendant dans l'éruption de produits financiers toxiques qui a déclenché la crise financière de 2008. Sous la direction du gouvernement Obama, les gouvernements de tous les pays ont répondu au désastre en renflouant les responsables – l'élite financière – et en laissant la classe ouvrière payer la note. Dans ce sens, la crise du Golfe et la crise grecque sont liées par un système économique et social commun.

    Les avoirs de BP, Transocean, Halliburton et de leurs dirigeants – des centaines de milliards de dollars – doivent être pris et utilisés pour les besoins des habitants du Golfe et pour mettre en place un programme de nettoyage environnemental de grande ampleur. Les dirigeants et les régulateurs dont les choix ont causé ce désastre devraient être poursuivis en justice.

    L'emprise des élites entrepreneuriales et financières sur la société et ses ressources doit être brisée. Cela exige la réalisation d'un programme socialiste de production d'énergie. Les grandes corporations énergétiques doivent être reprises et converties en services publics, contrôlées démocratiquement par la classe ouvrière dans l'intérêt des besoins sociaux.

  • MARCHANDS D'EAU:POMPE A FRIC

     

    Deux juristes remettent en question la légalité d’une partie des profits colossaux réalisés par les grands groupes… qui spéculent avec l’argent des taxes qu’ils touchent au nom des communes. A lire dans Bakchich Hebdo cette semaine.

    Une récente étude menée par deux juristes vient remettre en question le fondement légal d’une partie non négligeable des profits des distributeurs de flotte comme Veolia, Suez ou la Saur. Publié dans une revue spécialisée, la Semaine juridique, l’article est passé jusqu’ici presque inaperçu. Pourtant, la démonstration est détonante.

    En sept pages, les deux jeunes doctorants Yann Wels et Gersende Bousquet expliquent tranquillement que des millions d’euros perçus par les grandes entreprises d’eau et d’assainissement le sont de façon peu orthodoxe. Au cœur de la controverse, une pratique établie de longue date, qui voit les entreprises délégataires assumer pour le compte des collectivités, en plus de leurs missions traditionnelles, une « prestation complémentaire de recouvrement de fonds ».

    Qui plus est, d’autres services délégués à des entreprises privées par les collectivités sont potentiellement concernés. Et là encore, les enjeux financiers sont de taille. « Ne nous y trompons pas, c’est toute l’architecture de la délégation de service public qui est en cause et qui peut être mise à mal du seul fait du rappel de la réglementation en vigueur, écrivent Yann Wels et Gersende Bousquet. Il est en effet tout aussi évident que les mondes des déchets, des concessions de parking, tombent sous le coup d’un contrôle désormais renforcé du maniement de fonds par des personnes privées. » Pour beaucoup de ces délégataires, la perception de ces taxes, et les bénéfices réalisés en les plaçant, constitue un fonds de roulement des plus confortables

  • LES 23 SONT 30

    Des Bleus au blues national

    On aimerait le croire mais, avouons-le, le doute l'emporte.
     « Je suis sûr que l'équipe de France fait toujours rêver. » En prononçant cette profession de foi, hier soir sur TF1, Raymond Domenech avait les yeux qui brillaient. Sans doute était-il sincère mais cette conviction tenait plus de l'autosuggestion que du constat rationnel. Bien sûr, le dynamisme de la victoire pourrait, en quelques matches, transformer le scepticisme en enthousiasme mais, à un mois du début de la coupe du monde, le grand élan populaire de la France pour son équipe n'est franchement pas au rendez-vous. Un récent sondage ne montrait-il pas que les joueurs n'inspirent pas, massivement, un sentiment de sympathie ?
     L'annonce de la fameuse liste des trente pouvait apparaître comme un événement bien dérisoire comparé à l'actualité haletante de ce début de semaine. Ce serait réduire le football et le Mondial à du sport quand il représente bien davantage. La question de l'équipe de France, c'est, en effet, de la politique à l'état brut. Elle suscite des passions oecuméniques qui font voler en éclats les clivages idéologiques traditionnels. Rassembleuse et charismatique, elle prend forcément une intensité nationale autant que populaire qui lui donne un statut particulier dans l'information.
     D'une certaine façon, les Bleus échappent au réel tant ils appartiennent au domaine du symbole, fétiches d'une identité collective dans laquelle chacun voudrait se reconnaître le temps d'une compétition universelle. L'exigence envers eux et ce qu'ils représentent est d'autant plus élevée que chacun place en elle une partie de son propre imaginaire national. Et c'est là, précisément, que surgit l'incompréhension. Cette équipe n'est pas parvenue, jusqu'à présent, à provoquer cette adhésion et cette reconnaissance qui lui permettraient de porter le rêve d'un pays.
     Manque de panache, manque de classe, manque de style... manque d'âme, pour tout dire. Il va falloir beaucoup travailler pour restaurer cette dimension qu'avaient trouvée les vainqueurs de 1998 et de 2000. Raymond Domenech possède cette originalité de tempérament et de ton qui aurait pu donner corps à cette ambition. Les approximations presque loufoques de sa prestation d'hier soir, après de nombreux épisodes tout aussi glorieux, ne sont pas à la hauteur des attentes d'un public qui ne demande qu'à s'emballer et... à rêver plutôt qu'à rire jusqu'à en pleurer de tristesse devant le spectacle décevant de son équipe. Raymond, de grâce, étonne-nous.

     

  • HORS LA LOI

    Communiqué de l’Observatoire de la liberté de création

    Le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, qui va être présenté au Festival de Cannes a fait l’objet de pressions politiques de la part de plusieurs élus de la majorité, relayées par un secrétaire d’État, pour que ce film soit censuré ou privé de ses subsides.

    Sur la seule lecture du scénario d’Olivier Lorelle, des pressions ont été exercées sur les chaînes de France Télévisions qui le coproduisent et sur 575x385_1630500_0_661f_ill-1335023-3f42-hors-la-loi.jpgles responsables du Festival qui l’ont sélectionné.

    La projection de ce film en sélection officielle au Festival de Cannes s’annonce sous des auspices inquiétants : des manifestations hostiles sont prévues, et une cérémonie en mémoire de « toutes les victimes de la guerre d’Algérie » doit être organisée à Cannes le 21 mai, jour de la projection du film. Le sous-préfet Claude Serra déclare qu’il sera présent pour cette cérémonie, devant le monument aux morts. Par ailleurs, un collectif proche de l’extrême droite appelle sur un site Internet à manifester à Cannes pour « pourrir » le Festival, en protestation contre la sélection de ce film.

    L’Observatoire de la liberté de création s’étonne de ces déclarations émanant de personnes qui n’ont pas vu le film, et proteste contre ces pressions de responsables politiques qui cherchent à faire obstacle à la liberté du réalisateur de donner sa version de la guerre d’Algérie, et veulent empêcher le public d’avoir accès à ce film de fiction. Il n’appartient pas à l’Etat et à ses services de décréter ce que serait une « véritable » histoire. Lorsque le film sera diffusé, le débat critique pourra alors avoir lieu sereinement.

    Paris, le 10 mai 2010

  • J'Y ETAIS

    Affaire Ajimi: 300 personnes à Grasse pour réclamer justice

    Publié le dimanche 09 mai 2010 à 15H31 Nice Matin
      
    La marche s’est symboliquement achevée devant le palais de justice de Grasse, où une minute de silence a été observée à la mémoire d’Abdelhakim Ajimi. Xavier Giraud
    300 personnes, dont des proches, ont défilé samedi dans le calme en mémoire d'Abdelhakim Ajimi, jeune Grassois mort à la suite d'une intervention policière en 2008. Deux policiers de la BAC ont bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire

    Le non-lieu prononcé l’avant-veille envers les policiers de la BAC de Grasse avait fait l’effet d’une bombe. Il avait provoqué colère et indignation chez tous ceux qui, depuis deux ans, demandent justice en mémoire d’Abdelhakim Ajimi. Samedi, l’appel au calme de la famille, en tête du cortège, et de son comité de soutien a été respecté lors de la marche. Près de 300 personnes y ont participé.

    Initialement, la marche avait été organisée pour commémorer les deux ans de la mort du jeune homme lors de son interpellation.La décision des juges a ravivé la colère, au-delà de la tristesse.Mais seuls des slogans demandant que la même justice s’applique à tous, et des sifflets quand le cortège est passé devant le commissariat, ont traduit le sentiment général.

    Le service d’ordre mis en place par les organisateurs a contenu l’exaspération des jeunes qui ont connu la victime, et pour certains assisté à son agonie. Abdelhakim, 20 ans, est mort par asphyxie lors de son interpellation le 9 mai 2008, à deux pas du chapiteau d’Exporose. Il rentrait chez lui après une altercation avec son banquier.

    Devant le palais de justice, le président du comité a résumé la situation. « On a tout de suite fait appel hier. On repart à Aix. Le procureur nous a suivis pour contester la décision de non-lieu des juges d’instruction. Il faut que les policiers de la BAC se retrouvent devant un tribunal. Qu’ils réalisent qu’ils ont causé la mort d’un gamin alors que tout le monde autour d’eux criait qu’il étouffait et leur demandait d’arrêter de le bloquer par le cou. »

    « Hakim, on ne t’oublie pas », lisait-on sur un calicot.

  • LE STADE DE REIMS:RETOUR EN L.2

    Stade de Reims / Les voilà en L2. Ouf!

    Odaïr Fortes, en fin technicien, a trompé la vigilance de Ludovic Gregori pour porter le score à 2-0 à la 65e minute.

    Odaïr Fortes, en fin technicien, a trompé la vigilance de Ludovic Gregori pour porter le score à 2-0 à la 65e minute.

     

     

    Contrat rempli pour les Stadistes, vainqueurs à l'énergie de coriaces Ariégeois. Les voilà en L2. Ouf !

    ET Alban Hung mit son sifflet à la bouche pour faire retentir trois coups secs. Delaune vida alors son trop- plein d'impatience. Ivre de bonheur, il se leva comme un seul homme.
    Brièvement, Marc Collat et son staff se regroupèrent en cercle comme pour remercier cette force divine qui venait de hisser leur équipe à l'étage supérieur.
    « Qui ne saute pas n'est pas rémois », chantait l'enceinte de la Chaussée Bocquaine. Et tout le monde sauta sans trop savoir pourquoi. Que c'est beau un stade heureux…


    Souffrance
    Dix mois d'une dure bataille avec ses déplacements au long cours, insolites et piégeux. Plus de 4 240 minutes à ferrailler avec des adversaires au niveau technique inégal, mais à la fierté en bandoulière dès qu'il s'agissait de faire un croc-en-jambe à ces bourgeois rémois, relégués médiatisés de L2 et prétendants déclarés à la remontée immédiate. Tant de souffrance pour en arriver à cette issue heureuse, à cette soirée enfiévrée, d'abord stressante puis festive. « Rien n'a été facile », a dit un Jean-Pierre Caillot à peine détendu. « Ce fut difficile, mais nous avons réussi », a poursuivi un peu plus tard Marc Collat tout en retenu.
    Le vestiaire stadiste était lui, en ébullition, les joueurs se libérant de leur angoisse en aspergeant d'eau tous ceux qui s'approchaient d'eux, président et journalistes en tête.
    Cette soirée de délivrance aurait pu se transformer en vendredi de cauchemar tant le Stade, une fois de plus, s'amusa à se faire peur. Les démons de Beauvais et de Plabennec, rôdaient encore dans les parages. Près de 40 minutes d'hésitation, d'étourderie, avant le coup d'éclair.
    Un coup franc réussi du jeune Nguyen, symbole d'une jeunesse revigorée. Ce prénommé Johnny qui met le feu…
    À la Hinault
    1-0, puis 2-0 et puis… Un adversaire qui se rebiffe, la fébrilité qui change de camp et un public devenu aphone. « On a encore souffert, ce match est à l'image de notre saison », reconnaîtra un président encore traumatisé.
    Mais il était dit que ces diables de Luzenacois, coriaces et incisifs, ne devaient pas gâcher la fête champenoise. Tout était prêt, acrobates, confettis, pancarte « Ligue 2 », et même ce bon vieux Charles Aznavour et sa rengaine d'un autre temps.
    En serrant les dents comme le faisait ce « blaireau » de Bernard Hinault (*), à l'attaque dans les Pyrénées, les Stadistes ont fini par faire plier les Ariégeois. C'était le dernier obstacle menant dans l'antichambre de l'élite.
    La victoire en tremblant, mais la victoire quand même.
    La tête dans les étoiles en ce frais vendredi printanier, ils s'enivrèrent de félicitations et de belles promesses.
    Gérard KANCEL
    (*) Le quintuple vainqueur du Tour de France a donné le coup d'envoi.

     

  • FALLAIT-IL VOTER BROWN ?


    Nos voisins britanniques ont voté. Pour une fois, ils eurent trois alternatives : un travailliste, un conservateur et un centriste. A écouter les candidats Brown, Clegg et Cameron (*), il n’était pas évident de distinguer les différences fondamentales des programmes. Surtout, je n’aimerai pas être à la place de l’électeur de gauche au Royaume Uni. Gordon Brown a perdu. Il a clôturé une longue période de 13 années de gouvernement travailliste.

    En 1997, le Royaume Uni sortait exsangue de deux décennies de Thatchérisme agressif et sanglant. On pourra porter au crédit du gouvernement Blair (puis Brown) d’avoir pansé quelques plaies, notamment en matière d’éducation et de santé. Margaret Thatcher avait ruiné les services publics du pays.

    Mais sur le reste, les “gauchisses” français (dont je suis) n’ont que des motifs de déception.

    La politique étrangère du RU fut calamiteuse. Blair n’était pas un Européen convaincu, mais un vulgaire pro-atlantiste qui, à l’instar de Thatcher, est resté dans la posture du « caniche de Bush » : son soutien inconditionnel de la guerre en Irak fut indigne, et l’administration Blair/Brown n’a jamais joué la carte européenne de surcroît.

    Il n’est pas anodin de lire dans les colonnes du Monde daté du 6 mai une large tribune de l’héritier de la droite franquiste José Maria Aznar, l’ancien premier ministre espagnol, toute entière consacrée à louer l’action de Tony Blair : « Tony Blair, une référence durable pour l’Europe atlantique ». Aznar défend l’intervention en Irak (qui lui coûta les élections en Espagne après les attentats de Madrid en 2004), et écrit :

    « Tony Blair a essayé d’affronter tous ces risques de la façon correcte : en renforçant le lien atlantique et en essayant d’éviter l’unilatéralisme des Etats-Unis et l’isolément européen ; en promouvant un processus de réforme de l’Union européenne qui serve également d’instrument pour rendre plus justes et plus viables les systèmes de protection sociales de plusieurs pays ; et finalement en inspirant des politiques de sécurité et de défense axées sur la promotion de la liberté et du progrès dans le monde entier, et guidées par une vision éthique de la vie humaine indépendamment des circonstances. »

    On croit rêver.

    La complicité du pouvoir travailliste avec les milieux d’affaires est un second motif de désaccord. Comment appeler autrement une politique qui a favorisé la création des hedge-funds et défiscalisé la finance pour conserver l’attractivité de la City ? L’impôt sur les gains en capital a été ainsi réduit au strict minimum, et le gouvernement blairiste a toujours évité de soutenir les entreprises fragiles (une position favorable aux capital-risqueurs).

    Gordon Brown ne méritait peut être pas de payer le prix lourd de la politique blairiste. Il est arrivé tard, et défendait initialement une position plus à gauche (tout est relatif). Mais les dés sont jetés.

    (*) on dirait un casting de film…

  • NON CUMUL DES MANDATS

    Camarades sénateurs.

     




    Les sénateurs socialistes ont fait part à Martine Aubry de leur opposition au projet de non cumul des mandats pour 2 011, qui pourrait selon eux leur interdire la conquête historique du Sénat. Je ne suis évidemment pas d'accord avec eux et je souhaite que Martine ne plie pas. Pour plusieurs raisons :

    1- Le non cumul des mandats est réclamé par l'opinion. Si l'on veut redorer l'image de la politique, il faut en passer par là. Les cartes de visite en accordéon tellement s'y accumulent les mandats et présidences en tout genre sont devenues insupportables. La République, c'est la répartition des pouvoirs, pas leur concentration. Quant à l'efficacité de ces collections, inutile d'en parler.

    2- Les militants socialistes ont tranché, ils veulent massivement le non cumul, cette décision est souveraine, irrévocable et s'impose à tous, même à nos camarades sénateurs. Sinon à quoi bon nous avoir fait voter ? Avec le système des primaires, l'interdiction du cumul des mandats est la mère des batailles de la rénovation. Les primaires vont dissoudre l'appareil par le bas (le déverrouillage des sections) et le non cumul par le haut (la fin des notables). Le socialisme a tout à y gagner.

    3- "Les mandats sont des tremplins pour gagner", nous disent nos camarades sénateurs. Ce qui signifie que pour être élu il faut déjà être élu. Je ne sais pas si cette logique est vraie, mais je la crois bien peu socialiste ni même très républicaine. Et puis, si on la généralise, pourquoi ne pas choisir désormais n'importe quel candidat à n'importe quelle élection parmi les élus ? Mais n'est-ce pas déjà un peu le cas ? Enfin, personne n'en sait rien : il n'est pas certain que des briscards ne finissent pas par susciter le rejet et des novices emporter au contraire l'adhésion et se faire élire. D'ailleurs, on ne parle jamais des cumulards qui font perdre leur parti.

    4- Adopter maintenant le non cumul à gauche ne serait-il pas suicidaire puisque la droite ne suivrait pas ? Nos camarades sénateurs parlent à juste titre de "désarmement unilatéral". Ne faudrait-il pas que la loi l'impose à tous et qu'on n'en reste pas à une disposition interne au seul PS ? C'est l'argument le plus sérieux, malgré tout je ne le suis pas. La gauche doit donner l'exemple, sans attendre, et s'appliquer d'abord à elle-même ce qu'elle prône pour les autres. Aux yeux de l'opinion, nous ne pourrons qu'en tirer un bénéfice immense.

    5- Mais est-il bien judicieux d'appliquer le non cumul alors que nous sommes en capacité de remporter l'an prochain la majorité sénatoriale ?  Et puis, s'il faut attendre qu'il n'y ait pas d'élection en vue pour adopter le non cumul, on peut attendre longtemps puisqu'en démocratie il y a toujours une élection en vue.

    Camarades sénateurs, ne craignez rien, soutenez Martine Aubry dans sa volonté de lutter contre le cumul des mandats. Mais je reconnais que si j'étais sénateur, je ne tiendrais peut-être pas ce discours-là.
  • ENCORE 730 JOURS A TENIR

     

     

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    A Sarkoléon qu'on va devoir supporter encore au moins deux ans  : "La hâte est la mère de l'échec." Hérodote


    Sarkoléon fête son troisième anniversaire à L'Elysée. Mais en rasant les murs cette-fois. Avec une telle cote de popularité... Mais l'animal énervé n'est pas calmé pour autant. la marionnette du MEDEF s'agite encore pour défaire tout ce que les pères fondateurs avaient durement et patiemment bâti.

    Dans son colimateur : les retraites. Sauf la sienne évidemment.

    Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, notre César en talonnettes dresse son propre bilan. Bien enjolivé, une sorte de catalogue pour VRP de l'UMP, un argumentaire de bonimenteur vendeur de casserole percées.

    Et on se dit qu' il lui reste de deux ans.

    Le pire c'est qu'il n'est même pas certain qu'il ne soit pas réélu la prochaine fois.

    A Gauche, il va falloir se réveiller.



  • FANTOME ET BURQUA

    Le fantôme de la burqa.

    Dilem

     



    J'apprécie beaucoup Robert Badinter. C'est pour moi une grande figure de la gauche, une conscience morale, une référence politique. Sur la burqa, il vient de s'exprimer, en faveur d'une loi d'interdiction. Et là je ne ne suis pas d'accord avec lui. Il y a cependant un point, qui n'est pas rien, sur lequel il y a, entre tous les républicains de ce pays, consensus : il est évidemment inadmissible qu'une femme soit forcée de porter ce vêtement et il convient de punir sévèrement ceux qui l'emprisonnent sous ce tissu.

    Mais le problème est ailleurs, et la divergence aussi : que fait-on avec les femmes, et il y en a, qui choisissent de le revêtir librement la burqa ? Badinter apporte une réponse que je soumets à la discussion, précisément parce que je la trouve très discutable :

    " La fraternité, c'est d'abord dans le visage de l'autre que je la découvre. Si vous vous adressez à un fantôme, comment voulez-vous avoir avec lui un rapport de fraternité ou de sociabilité ?"

    Je crois que tout le problème réside dans cette argument que je ne partage pas. D'abord la fraternité n'est pas pour moi, essentiellement, un visage, mais des paroles et des actes : paroles de paix, actes de solidarité par exemple. Un visage ne me dit rien, c'est le plus souvent une face anonyme comparable à bien d'autres faces anonymes. Ce n'est que dans le dialogue, les gestes, les actions que la relation humaine devient fraternelle.

    D'autre part, une femme qui porte librement un burqa ou un niqab (peu importe le mot, la longueur, la forme ou la densité du tissu) n'est pas un fantôme, c'est une personne qui existe mais qui choisit de ne pas se montrer. En a-t-elle en République le droit ? Pour moi oui. En quoi cela peut-il fondamentalement gêner autrui ? Je ne le vois pas, je ne le comprends pas. Il n'y a que les actes d'hostilité qui dérangent, les attaques physiques ou verbales. Hormis cela, nul ne devrait se sentir inquiet ou inquiété à cause des vêtements d'autrui. Si j'ai envie de me déguiser en pompe à essence, en quoi suis-je un danger public, une menace pour la société, une atteinte à la démocratie, une négation des droits de l'homme ? Chacun doit s'habiller comme il l'entend, à la seule condition que ce soit librement.

    Enfin, est-il vrai que la burqa perturbe la sociabilité ? De quelle sociabilité Badinter parle-t-il ? Je ne me sens aucunement obligé de lier des contacts, des relations sociales avec n'importe quel citoyen. La fraternité n'est pas l'amitié. Si une femme en burqa contrevient à mes convictions, je ne la fréquente pas, je ne lui parle pas, mais je ne lui impose pas non plus ma façon de voir en l'invitant à renoncer à son vêtement.

    En vérité, derrière cette affaire de burqa, je sens monter l'intolérance, le rejet de la différence. Car aujourd'hui, dans une société tellement libérée qu'il n'y a plus guère de transgression possible, qu'est-ce qui reste étrange, mystérieux, énigmatique, provocateur et dérangeant ? Se balader sous une burqa. D'autant que la société contemporaine va exactement dans le sens inverse, en dénudant depuis une quarantaine d'années le corps de la femme (personne ne reproche d'ailleurs à cette orientation de contredire la fraternité et la sociabilité).

    Une femme en burqa, c'est en effet un fantôme, une créature surnaturelle qu'on ne comprend pas parce que notre société s'est éloignée de la religion et qu'elle ignore à peu près tout de l'Islam. Mais cette différence, aussi troublante soit-elle, doit être respectée. Sinon, demain, ce seront d'autres différences auxquelles on s'attaquera. Même si ma préférence personnelle va à la contemplation d'un corps féminin nu, je peux comprendre que certaines femmes puissent vouloir intégralement le dissimuler au regard d'autrui, dans une sorte de pudeur fondamentale et quelque part ahurissante.

    Réduire la femme portant burqa à un fantôme, la comparer à un déguisement de carnaval ou bien l'assimiler au port de la cagoule chez les malfrats, c'est rabaisser et en quelque sorte défigurer une différence qui nous révulse, qui semble porter atteinte à notre modernité, qui renvoie à des cauchemars de fanatisme. Cessons donc de croire aux fantômes, repoussons ces fantasmes qui viennent nous hanter, n'ayons pas peur d'une bizarrerie, d'une étrangeté, d'une façon d'être, d'un mode de vie, d'une conception de l'existence que nous avons le droit de critiquer mais pas d'interdire sur la voie publique.

    Je répète, pour éviter tout malentendu sincère ou malveillant, que ma tolérance à l'égard de la burqa ne vaut que si et seulement celle-ci est librement portée. Car c'est dans cette hypothèse que Badinter se situe et que je conteste son point de vue.

    Une dernière remarque, pour être tout à fait clair : quand je discute avec un type qui dissimule son regard derrière des lunettes noires dans lesquelles mon visage se reflète, je ne le supporte pas, j'ai l'impression de discuter avec moi-même. Le jour où je croiserai une burqa (ce qui n'arrivera peut-être jamais tellement la rencontre est rare), je serai probablement, comme tout le monde, mal à l'aise. Mais nos sentiments doivent-ils devenir force de loi ? Je pense que non. Tout le problème de la burqa est là.