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Editori@l - Page 58

  • HORTEFEUX:DEMISSION

    Brice Hortefeux a été condamné, vendredi 4 juin, à 750 euros d’amende et 2 000 euros de dommages et intérêts pour injure raciale pour les propos qu’il a tenus lors d’une conversation en 2009 avec un militant UMP d’origine maghrébine.

    Je ne suis pas du genre à demander la démission de qui que ce soit au moindre désaccord ou problème. Quand il s'agit d'un élu, la durée de son mandat doit être respectée. Et puis, personne n'est parfait ; il suffit de se corriger pour ne pas avoir à démissionner. Sauf quand les principes sont en cause. Dans l'affaire Hortefeux, c'est le cas.

    Un ministre doit être exemplaire. Non pas politiquement, c'est impossible. Mais juridiquement, car c'est indispensable. Les citoyens attendent avec raison de la rectitude de la part de ceux qui nous gouvernent, je ne fais pas de morale,je me situe plutôt au niveau du droit, de la règle et de la loi.

    Un ministre de l'Intérieur est chargé de faire respecter l'ordre, dont la Justice est l'un des principaux moyens. Se voir condamné pour injure raciale, c'est contrevenir à l'ordre qu'on est par ailleurs chargé de défendre, c'est entrer en contradiction avec sa mission. Dans une autre démocratie que la France, un ministre démissionnerait pour moins que ça.

    Jospin avait imposé à son gouvernement une règle très claire : un ministre qui doit s'expliquer devant la Justice doit laisser son portefeuille le temps de l'instruction. DSK en a fait les frais, puis a été blanchi. Hortefeux a fait appel : qu'il démissionne jusqu'au verdict final. Ministre n'est pas un métier comme un autre : on n'y a pas droit à certaines erreurs.

  • L'EUROPE ATTAQUE A LA SNCF

    La Commission européenne, dirigée par le très libéral José Manuel Barroso, demande à la France de changer le statut de la SNCF en société anonyme. Selon la commission, son statut actuel d'EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) est incompatible avec une saine concurrence.

    Outre qu'absolument rien ne prouve que le caractère public de la SNCF entrave la concurrence, la demande de la commission démontre en creux qu'elles sont pour elle les vraies priorités : le respect des règles commerciales plutôt que la garantie d'un service public pour tous. En effet, il ne faut pas se leurrer, le changement de statut est bien souvent la première étape vers une privatisation totale. Faut-il rappeler les cas de France Télécom ou d'Air France ?

    Pour l'instant, le gouvernement Français refuse de céder aux injonctions de Bruxelles, mais il ne faut pas se faire d'illusions, il s'agit juste de ménager les cheminots au moment ou le gouvernement s'engage dans une réforme des retraites problématique pour lui. Nul doute que dès qu'il le pourra, il se servira de cette demande de la Commission européenne comme justificatif.

    Mais le plus intéressant dans cette histoire, et qui prouve bien que les bureaucrates de Bruxelles n'en ont vraiment rien à faire de l'intérêt des citoyens, voire de leur sécurité, c'est que cette demande ne concerne pas que la France, mais aussi le Portugal, l'Italie et le Royaume-Uni. Or, le cas de ce dernier pays est très instructif, puisque le gouvernement de Mme Thatcher avait entièrement privatisé le réseau ferré. Mais face aux nombreux dysfonctionnements et à la multiplication des accidents graves, le gouvernement Blair n'a eu d'autre choix que de renationaliser les chemins de fer. Ce sera sa seule nationalisation. Mr Barroso et la commission font donc peu de cas du passé et des personnes mortes ou accidentés pendant l'épisode privatif et veulent ni plus ni moins qu'un retour en arrière.

    L'Union Européenne nous impose donc un modèle économique qu'à chaque élection et partout en Europe, les citoyens ont toujours refusé. Visiblement, vu le mode de fonctionnement du parlement, il y a peu de chances de modifier durablement et de façon démocratique les orientations économiques prises par Bruxelles. 

  • OUI SARKOZY EST UN ESCROC


    « J’ai un peu l’impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c’est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité ».

    Cette petite phrase de Martine Aubry est l’un des succès de la semaine. Notre  première secrétaire a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Elle aurait pu dire pire, ou mieux : Sarkozy est à la République ce que Jessy Matador fut à l’Eurovision, une erreur de casting. A peine élu, le Monarque a aggravé les comptes publics d’un joli paquet fiscal mêlant défiscalisation des heures supplémentaires et des intérêts d’emprunt immobilier, suppression quasi-totale des droits de succession, et abaissement du bouclier fiscal. A l’époque, on pensait, à l’instar du gouvernement, que ce “paquet” de TEPA coûterait 15 milliards d’euros par an au budget de l’Etat. Dieu merci, il s’est planté. Il coûte deux fois moins cher. La défiscalisation des heures sup a précipitamment détruit l’emploi. Le crédit immobilier s’est effondré. Restent les cadeaux aux riches : droits de successions (les ménages modestes étaient déjà exonérés avant la réforme Sarkozy) et le bouclier fiscal. Tout ça pour quoi ? Pour rien.

    53120329.jpgL’an dernier, Sarkozy a lancé un grand emprunt, une formule inutile qui laisse à penser que les 212 autres milliards d’euros d’emprunts que fera la France cette année ne servent pas l’avenir.

    Sarkozy a de surcroît des vraies similitudes avec Madoff : c’est un menteur. Autant se le dire et se le répéter. Il avait promis l’emploi, le pouvoir d’achat, la République irréprochable, etc. Je ne répéterais pas mes précédents billets sur les promesses non tenues du Monarque.

    Il fut triste d’entendre François Hollande regretter la formule de Martine.

    Avec sa formule, Martine Aubry était en deça de la réalité. Sarko n’est pas seulement coupable de dérapage budgétaire. Il a transformé le régime en République indigne.

  • PANIQUE A L'ELYSEE

    2012, année de la peur

    Quand le droit -au sens large- devient le jouet du fait divers, c'est le symptôme d'une société inquiète qui improvise ses règles collectives au gré de ses indignations avec vues électorilistes.
    Encore une foi un fait divers tragique-la mort d'une jeune policière à Villiers sur Marne-a implicitement validé le décret du ministre de l'intérieur autorisant l'utilisation du trés contreversé Taser par les polices municipales.  L'émotion légitime qu'elle a provoquée tout au long de la semaine doit-elle être pour autant le ressort de décisions qui engagent le pays ? NON. 

    Tout le monde, pourtant, convient que si la jeune policière avait disposé d'un pistolet par impulsion électrique, ou même d'un Manurin, cela n'aurait, hélas, strictement rien changé à son sort. Elle a été au mauvais endroit au mauvais moment, victime collatérale d'un de ces épisodes du grand banditisme qui tournent mal.
     

    Autrement dit, un hasard sanglant et particulièrement spectaculaire a été opportunément utilisé pour faire passer sans discussion une mesure controversée. Les larmes médiatiques d'un jour d'enterrement ont submergé les réserves juridiques. Il ne s'agit pas, bien sûr, de minimiser la douleur d'une famille, ni de dévaloriser la solidarité qu'on lui a exprimée, mais de s'interroger sur les limites d'un fonctionnement pulsionnel d'un pouvoir.
     Les 18 000 policiers municipaux et leurs syndicats, eux, posent la vraie question, celle qui aurait dû faire débat : la définition de leurs missions. Elles se limitent, en principe, à la vérification de l'application des décrets municipaux. Un périmètre de proximité qui, a priori, ne justifie aucunement le port d'une arme aussi litigieuse que le Taser. Mais si ce cadre initial dérive peu à peu vers des interventions dangereuses qui s'apparentent à celles de la police nationale alors là, oui, il faut tout remettre sur la table. Parler de tutelle, de recrutement, d'armement, de formation, d'éthique, de contrôle... Autant de garde-fous contre les abus et contre les atteintes aux libertés et à la dignité des citoyens qui fondent la légitimité de la police nationale.
     La politique de sécurité d'une grande nation démocratique ne saurait s'accommoder d'ambiguïtés ou d'ajustements empiriques dictés par les événements quand elle suppose autant de choix de société. A défaut de pouvoir séduire avec des enjeux d'avenir aussi invendables, cette fois, que l'emploi ou le pouvoir d'achat, l'Élysée mettra une nouvelle fois la peur -valeur électorale puissante et sûre- au programme de la campagne de 2012. Alors, puisqu'il le faudra bien, parlons-en clairement. Sans fantasmes et sans crainte.

  • A L'EAU (Suite)

    Photo de Gilles Chiroleu, 2007, CC 
    Quant à la ville de Paris, en novembre 2008, le Conseil de Paris a voté la « remunicipalisation » de l’eau. Une promesse de campagne du candidat Delanoë, pour en finir avec l’ère Chirac, qui avait privatisé l’eau de Paris en 1984. Veolia avait installé des capteurs de rupture sur les canalisations, une invention brevetée de Veolia et certifiée comme technique standard par l'Union européenne, ce qui permet de localiser les fissures automatiquement. La régie communale « Eau de Paris » a dû acheter le droit d’usage du système à Veolia... Cette belle réussite pour Veolia est le résultat de tous les efforts de lobbying de cette entreprise en Europe : Veolia participe activement aux programmes de recherche sur l´eau de l´UE. Par exemple, la WSSTP, la plate-forme technologique pour l´eau et l´assainissement, possède un comité de 10 membres dont 3 employés de Veolia parmi lesquels le vice-président de WSSTP, Xavier Chazelle. La encore les liens sont étroits, ainsi le PDG de Suez, Yves Thibault de Silguy est un ancien commissaire européen

     Et la qualité de l’eau ?

    De nombreuses polémiques ont eu lieu ces dernières années sur la qualité de l’eau fournie par les entreprises privées de gestion de l’eau potable en France. Nitrates, pesticides, métaux lourds, radioactivité, médicaments… Certains problèmes de qualité d’eau durent depuis plus de dix ans sans qu’une solution efficace soit trouvée. Ainsi en Seine et Marne certaines communes ont des taux de nitrates de plus de 60. La raison de ces dérives ? Les mairies qui n’investissement pas assez et les compagnies des eaux qui exploitent des sources contaminées. Ainsi à Mouthiers-sur-Boëme, des taux de pesticides 6 à 7 fois supérieurs à la norme ont été découverts par les habitants. Ces derniers ont finalement attaqué la SAUR. La bataille à été difficile puis qu’il a fallu apporter la preuve de ces dépassements dans le passé. Finalement, la SAUR a abandonné la source contaminée et a du payer le remboursement de bouteilles d’eau durant 12 ans 32575,96 euros pour les 11 familles qui avaient porté plainte, négligeant du même coup tous les autres habitants soit 11 000 habitants tout de même…


    Pour quelle efficacité ?

    La maintenance des tuyaux est régulièrement critiquée en France ou elle est généralement substituée par une gestion du risque qui ne répare que lorsqu´il y a un incident. Cette manière de procéder fait que la grande majorité des canalisations d’eau française ont plus de 30 ans d´âge. Ceci explique que la moyenne des fuites d´eau en France est de 26,4% contre 7,3% en Allemagne ou l’eau est gérée publiquement. Nous savons tous combien l’eau est précieuse et nous la gaspillons pour raison de rentabilité financière… Les mesures à prendre pour protéger les nappes phréatiques sont également prises en regard de problématiques financières, mais quel en sera le coût pour les générations futures ?


    Liaisons dangereuses ?

    Les échanges de personnel entre les grandes entreprises de l’eau et le monde politique sont symptomatiques des liaisons dangereuses qu’entretiennent les deux mondes. C’est pas un hasard si l’on disait que le nom de Vivendi (qui devient Veolia en 2003) n'était rien d'autre qu'une abréviation pour « VIVier pour ENarques en DIsponibilité » tant l’ENA est un gros fournisseur de managers chez Veolia. En retours, n’oublions pas que l’état est un gros actionnaire de Veolia. Voici quelques exemples lumineux de transferts entre les deux mondes :

    - Henri Proglio, PDG de Veolia, est un grand ami de Rachida Dati, ex-ministre de la Justice

    - Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, puis ministre de l'Intérieur et enfin Premier ministre, a été conseiller international chez Veolia

    - Eric Besson, à la tête de la Fondation Vivendi (Veolia) a été responsable du programme économique du parti socialiste, puis ministre de Sarkozy

    - Stéphane Richard, directeur de Veolia Transport, passe en 2007 directeurs de cabinet au ministère de l´Économie et des Finances

    - Sylvain de Forges, directeur financier de Veolia, cumule ce titre avec celui de PDG de l'organe du Ministère des Finances chargé de la gestion du patrimoine et des dettes de l'État : l’Agence France Trésor

    - Rainier d'Haussonville, directeur Affaires européenne chez Veolia, a été chef du Secrétariat général des affaires européennes au Ministère des Affaires étrangères, puis Conseiller aux affaires économiques européennes dans le Cabinet du Premier Ministre


    - Jean-Pierre Denis, président de Dalkia (Veolia-Environnement), après avoir été secrétaire général adjoint de l'Elysée, est passé conseiller de Jacques Chirac

    Joachim Bitterlich, vice-président exécutif de Veolia, fut un proche collaborateur du chancelier Allemand Helmut Kohl


    Selon Dominique Voynet « Le Syndicat des eaux est une sorte de caricature d'un certain système. Depuis des décennies, les grands partis se répartissent les présidences de syndicats : à l'UMP, le Sedif ; au Parti communiste, les services funéraires ; au PS, les ordures ménagères. Au moment de voter, les accords tacites passés il y a bien longtemps sont reconduits, ce qui assure une certaine stabilité, à la fois des équipes et des pratiques, à la tête de ces grands syndicats ». Tout est dit.


    Et dans le monde ?

    Veolia Environnement propose ses services à de nombreuses villes françaises, mais aussi anglaises, allemandes et du monde entier. Veolia disposant, de fait, d'un savoir-faire considérable dans les domaines de la recherche-développement et de l'ingénierie financière. En période de crise, les compétences dans les domaines financiers sont au moins aussi importantes que la maîtrise technique des problèmes de gestion de l'eau. C'est ainsi que bon nombre de municipalités dans le monde font appel à Veolia…


    Dans un article sur la privatisation, j’avais cité l’exemple de la Bolivie : En Bolivie, une grande vague de privatisations a eu lieu. Ainsi en 1999, l'entreprise gérant l'eau potable de la 3e ville de Bolivie, Cochabamba, a été privatisée et une concession jusqu'en 2039 a été négociée avec une compagnie jusqu’alors inconnue dans le pays « AGUAS DEL TUNARI ». Dès cette date, le prix de l'eau a augmenté de 30% à 300% suivant les cas. Avec cette augmentation, certaines familles modestes consacraient plus d'un quart de leur budget à l'eau potable. Les sources qui appartenaient aux paysans ont également été confisquées et privatisées. Des lois votées sur mesure protégeaient la société privée gérant l'eau. Les textes de loi suivant la lecture que l’on en faisait pouvaient même prévoir l’interdiction de récupérer l’eau de pluie. Devant cette pression insoutenable pour la population, des émeutes ont eu lieu. La situation pour le gouvernement est devenue réellement dangereuse lorsque les habitants apprirent que l’entreprise « AGUAS DEL TUNARI » était en réalité la propriété du groupe américain « BECHTEL ». Étant donné l'ampleur de la protestation citoyenne, le président n’a pas d’autre choix que d’instaurer, en avril 2000, la loi martiale.

    Cela conduit à de nombreuses arrestations de contestataires et syndicalistes. Le but de la loi martiale étant de rétablir l'ordre et d’acter les privatisations. Au plus fort de la crise qui devenait incontrôlable, des tireurs d'élite ont été employés par le gouvernement. C’est ainsi que le jeune Victor Hugo Daza (16 ans) a été abattu ainsi que six autres personnes. Des dizaines de femmes et adolescents furent blessés par ces tireurs. Finalement, après six mois de manifestations intenses, l'entreprise BECHTEL qui quitta la ville rapidement et le gouvernement firent marche arrière sur cette privatisation.


    Alors ?

    On peut se demander combien de temps encore devrons-nous payer l’eau plus chère qu’elle ne coûte réellement alors que des solutions simples existent. Temps qu’il existera des liaisons dangereuses entre les politiques et les grandes entreprises de l’eau la situation ne sera pas saine et il faudra se résigner a payer toujours plus pour un bien, l’eau, qui sera toujours plus rare.

    Largement inspiré de MARIANE2

  • RETRAITES:ETAT DES LIEUX

     

    En sortant enfin du bois et en annonçant ses réelles intentions sur la réforme des retraites, le gouvernement a véritablement déclaré la guerre au monde du travail. Avec une communication soignée, un calendrier particulièrement choisi et resserré, des syndicats divisés, il s'est donné les moyens d'aboutir à ses fins. Du moins à court terme, parce que sur le long terme, il me semble que les choses ont bougé dans l'opinion publique ses derniers temps.

    François Fillon et Nicolas Sarkozy disposent d'atouts indéniables pour que leur réforme soit adoptée avant la fin de l'année. Outre les raisons évoquées ci-dessus, ils bénéficient de la crise et du sentiment de résignation qu'elle implique. Ce sentiment est d'ailleurs particulièrement fort chez les jeunes qui ont intégré depuis longtemps l'idée selon laquelle ils n'auraient pas droit à la retraite. Idée fausse évidemment, mais que le gouvernement et les médias font tout pour valider.

    De plus, le pouvoir sait parfaitement jouer sur la division pour diviser les Français et affaiblir le mouvement social. En sortant les règimes spéciaux de la réforme, en donnant des garanties aux cheminots, il a acheté la paix sociale. De fait, la grève d'hier a été moins suivie que d'habitude.

    Pourtant, si la bataille est mal engagée, ce dernier point laisse augurer un peu d'espoir à court terme pour les syndicats. En effet, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, il était indénialble pour tous ceux qui étaient dans la rue hier, que les manifestations étaient plus importantes qu'en mars, ce qui veut dire que cette fois-ci, c'est le secteur privé qui s'est le plus mobilisé. Il s'agit là d'une donnée nouvelle que peu de médias ont noté mais qui a une importance fondamentale pour la suite.

    Pour moi, vu le calendrier choisi par le gouvernement, et avec l'aide des vacances et de la Coupe du Monde de football, je ne vois pas comment la réforme peut ne pas être adoptée à la rentrée. Mais cela ne veut rien dire, le CPE et la réforme de 1995 sont là pour nous rappeler que les Français peuvent faire reculer le pouvoir même quand les lois sont votées.

    Par rapport à 2003, il y a en effet un élément qui a complètement changé. A l'époque, l'argument selon lequel il fallait faire payer les revenus financiers et le capital trouvait peu d'impact dans l'opinion. La crise et son lot d'injustices est passée par là, et si elle amené de la résignation, elle entraîne aussi une nouvelle prise de conscience. En 2010, chacun sait désormais qu'il existe d'autres sources de financement pour les retraites.

    Enfin, toujours par rapport à 2003, il y a un autre élément nouveau : le comportement de l'opposition. Cette fois-ci, elle est au rendez-vous, avec un projet alternatif, qui est crédible, et démontre qu'il existe bel et bien d'autres pistes que celles de taxer toujours le travail.

    Dans les mois qui viennent, Nicolas Sarkozy et ses amis vont peut-être gagner une victoire politique. Elle n'est pas définitive, car hier le mouvement social a commencé à relever la tête. Tout n'est pas joué !

  • NOUS SOMMES TOUS

    La France est un pays formidable : nous sommes de moins en moins une grande puissance industrielle et commerciale et nous rêvons de redevenir une grande puissance agricole comme il y a quelques siècles. Preuve en est le colossal succès ce week-end des Champs-Elysées recouverts d'herbes et de produits de la terre, comme il y a vingt ans au même endroit l'immense champ de blés. Pour marquer l'importance de l'événement, le président et madame sont allés faire un tour.

    Il fallait aussi une parole officielle et éternelle, bref une formule historique. C'est bien sûr le ministre de l'agriculture qui s'est sacrifié : "Nous sommes tous des agriculteurs" a lancé Bruno Le Maire. Tous ? Non, pas moi.Bien que je connaisse bien le monde agricole et les agriculteurs dont certains sont des amis. Je ne suis pas, je ne me sens pas, je ne veux pas être agriculteur. Du mépris ? Pas du tout. Mais je m'inscris dans le cours de l'Histoire et du progrès social qui nous viennent des deux derniers siècles : un paysan est quelqu'un qui veut rejoindre la ville et qui, devenu ouvrier, souhaite que ses enfants s'intègrent aux classes moyennes, dans les professions du terciaire, les métiers intellectuels. Le travail de la terre est un enfer, notre société qui perd la mémoire a aussi oublié ça. La nostalgie, non merci.

    Vous me direz peut-être que le ridicule "Nous sommes tous des agriculteurs" est un geste légitime de solidarité. Je veux bien  ! Mais pourquoi les ministres ne s'exclament-ils jamais "Nous sommes tous des chômeurs" ? A tout prendre, s'il y avait une solidarité à exercer, je choisirais les sans emploi. Car je ne vois pas pourquoi il faudrait privilégier, dans notre compassion, les agriculteurs. De toute façon, Le Maire aurait mieux fait de se taire : le "Nous sommes tous ..." est une resucée qui a perdu son sens à force d'être réutilisée.

    La première fois, c'était en Mai 68, "Nous sommes tous des juifs allemands", après que Marchais ait dit une connerie plus grosse que lui. Dans les années 80, je me souviens avoir hurlé le slogan qui sonnait juste à l'époque et encore aujourd'hui : "Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés". Et puis il y a eu le 11 septembre 2 001, et Colombani dans Le Monde qui écrit : "Nous sommes tous américains".  C'était la goutte de trop,surtout pas je ne suis pas américain. Nous sommes tous ... nous-mêmes et rien d'autres, voilà tout,c'est parfois dur et n'entendons plus jamais ce slogan ridicule.

  • LIONEL LUCA L'IMPOSTEUR

    Vous ne connaissiez pas Lionel Luca ? Vous en avez de la chance.

     Lionel Lucas est  député UMP des Alpes Maritimes ,ce n’est pas un député comme les autres  ou plutôt très comme les autres députés dans ce département... trés Sarkozyste

    Ce matin il était à Cannes parmi,les militants d’extrème droite pour fustiger , le caractère "négatif et négationniste" du dernier film du Franco-algérien Rachid Bouchareb, "Hors-la-loi", qui relate notamment le massacre de Sétif, en 1945. Un film que l’élu n’a pas encore vu, et qui sera présenté ce soir au  Festival de Cannes.

    L'ami Lionel Luca n'en est pas à sa première : on retrouve sa trace sur le site du MNR, dans des initiatives communes avec Bruno Mégret, ou encore dans toutes les propositions de loi visant à réduire l'accession à la nationalité française (ici).  Il déclarait également en 1997que « la seule façon d’empêcher la récidive des crimes est la peine de mort » et joignant les paroles aux actes ,il est même signataire d'une proposition visant à rétablir le retour de la guillotine: c'est , sur le site de l'Assemblée nationale.

     Lionnel Luca s’était fait aussi remarqué - avec sa finesse habituelle – au cours des dernières manifestations aux Antilles «ceux qui aux Antilles font toute sorte d'amalgames avec l'esclavage ne crachent pas sur le RMI des anciens colonisateurs !».

      Il avait aussi estimé que sans «la colonisation, ni Léon Bertrand ni Azouz Begag ne seraient ministres de la République française». Une manière de répondre à ces ministres qui ont osé demander l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, qui glorifie la colonisation française.

     Mais notre Lionel n’est pas à une contradiction prêt , le 8 mai dernier j’ai été très surpris de le voir  assister sans état d’âme à un récital organisé par Amnesty International à l’église de La Colle sur loup.

    Lui qui veut rétablir la peine de mort lui qui tient les mêmes propos racistes que ses amis Le Pen et Mégret, n’avait rien à faire dans ces lieux , sa place est certainement Place Jeanne d’Arc parmi les crânes rasés du front national en chantant les hymnes hitlériens et en faisant le salut nazi   

  • DEMAGOGIE:CA CONTINUE

    Modifier la constitution pour encadrer le déficit public : hypocrite, démagogique et antidémocratique.

    Dilem

    On nous serine sur tous les tons que depuis les élections régionales le président s'est assagi,qu'il s'est mis enfin en retrait. C'est peut-être vrai, mais entre la burqa, les retraites et la crise financière, cela ne l'empêche de continuer à nous pondre une idée par jour. Et comme toujours avec Sarkozy, ses idées ont l'apparence du bon sens, mais sont en vérité nauséabondes et marquées du sceau de l'idéologie libérale la plus totale. La dernière en date qui consiste à modifier la constitution pour encadrer les déficits publics ne déroge pas à la règle, et ce pour les trois raisons exprimées dans le titre.

    Hypocrite : comment peut-on qualifier autrement l'attitude d'un gouvernement qui a fait passer le déficit de 3 à 7 % en moins de 3ans ? Performance inégalée jusqu'ici par aucun autre gouvernement depuis l'avènement de la cinquième République. Rappelons aussi que la première mesure marquante de Mr Sarkozy à son arrivée à l'Elysée a été de dilapider l'argent public pour en faire cadeau à ses amis les puissants et augmenter son salaire. Alors quand Mr Sarkozy ose se poser en chantre de la réduction des déficits publics, il s'agit bien d'hypocrisie.

    Démagogique : en effet, messieurs Sarkozy, Fillon et Woerth profitent de la nécessaire lutte contre les déficits pour imposer des réductions drastiques à tous les échelons : collectivités territoriales, entreprises publiques, associations, etc. Ils imposent leur rigueur tout en faisant croire qu'ils sont de bons gestionnaires.

    Antidémocratique : c'est évidemment le point le plus important. Donner un cadre constitutionnel à la réduction des déficits publics reviendrait à graver dans le marbre une fois pour toute la politique économique de ce pays. On le sait, en gros pour sortir d'une crise, il existe deux méthodes, soit on fait des économies drastiques (ce que fait Sarkozy), soit on fait une relance par la consommation (c'est à dire en s'asseyant plus ou moins sur les déficits). Avec ce que propose la droite la seconde solution deviendra impossible, et il n'y aura plus d'autre voie que celle de la réduction des dépenses de l'Etat, donc celle de l'impasse. Sarkozy essaie de faire à l'échelle nationale, ce que Giscard d'Estaing et sa constitution ont essayé de faire à l'échelle européenne : imposer le capitalisme partout, toujours.

  • LE P.S NE BAT PLUS EN RETRAITE

    Fakir

    Hier matin quand j'écoutais Martine Aubry sur France Inter j'ai constaté que depuis qu'elle est première secrétaire, les tensions qui ont tant nuit au PS se sont apaisées et le parti se remet doucement à travailler, à chercher une alternative et un projet crédible face à la droite en 2012.

    La réforme des retraites constitue un excellent exemple de cette nouvelle donne politique. En voulant une réforme quasiment sans concertations, le plus rapidement possible, Nicolas Sarkozy pensait prendre de cours les syndicats et l'opposition, notamment les socialistes. Il pensait aussi profiter des divisions du parti de la rue de Solférino et au final éviter un grand mouvement social qui à moins de deux ans des présidentielles lui serait fatal. Il n'en sera pas ainsi.

    En présentant son plan pour les retraites, Martine Aubry a rappelé à la France entière qu'une autre réforme était possible et que la logique démographique n'était pas la seule. Surtout, ce qui importe dans le plan du PS, c'est la philosophie qui se veut à gauche. En proposant de taxer les banques et les revenus financiers, Martine Aubry revient aux fondamentaux, ceux de la gauche d'avant 1983. Mais elle fait bien plus qu'opérer un virage politique, elle jette un pavé dans la marre du sarkozysme. Elle se dit prête à agir dans un domaine où le président de la République a beaucoup vociféré, beaucoup menacé, mais absolument rien fait.

    D'où vient le plus grand hommage rendu à ce projet socialiste sur les retraites ? De la droite bien entendu ! Elle a passé toute la journée, Premier ministre et patron de l'UMP en tête, à s'attaquer à nos propositions. N'ont-ils pas mieux à faire ? C'est la preuve que notre texte a fait mouche, qu'il dérange. La droite serait restée indifférente, je m'en serais inquiété.

    Certes, le plan socialiste n'est pas parfait, et il n'est pas sûr qu'il puisse mettre en place toutes ses mesures. De même, les vieux démons ne sont pas tous morts, puisqu'il y a encore des Malek Boutih ou des Manuel Valls (celui-là, qu'il aille à droite une bonne fois pour toutes, il sera au moins raccord avec ses idées) pour se faire mousser dans les médias en tirant à vue sur leur propre camp. Mais la droite ne s'y trompe pas, elle qui depuis 24 heures sort l'artillerie lourde pour discréditer le plan socialiste. Elle a compris que timidement, de façon encore imparfaite, les socialistes revenaient sur le terrain idéologique.

    Cela ne changera probablement pas la donne pour empêcher Nicolas Sarkozy et François Fillon d'aller au bout de leur réforme. Peu importe, Martine Aubry et le PS avec elle a pour objectif 2012 et un regain de crédibilité qui pourrait nous permettre de retrouver le pouvoir. On n'y est pas, mais les signaux envoyés vont dans le bon sens. Il reste à ne plus décevoir